Il faut… relocaliser
Le diagnostic est unanime. La crise du coronavirus a révélé la dépendance de la France à des chaînes de valeur industrielles trop fragmentées, réparties à travers le monde, notamment en Chine. Le processus de mondialisation est allé trop loin, et il faut relocaliser une partie de la production dans l’Hexagone, ou au moins en Europe, notamment pour les médicaments, dont 80 % des principes actifs sont fabriqués en Chine et en Inde. L’idée est, à tout le moins, largement partagée par la population : « C’est la revanche politique d’Arnaud Montebourg et, surtout, celle de l’industrie. Après un déclin sans précédent, l’industrie revient au premier rang des préoccupations des Français, qui demandent à leurs gouvernants d’agir en faveur des relocalisations », écrivait ainsi l’institut de sondage Odoxa, le 13 avril. Toute la production réalisée à l’étranger ne pourra pourtant évidemment pas être produite en France. « L’enjeu, c’est la reconquête industrielle dans les activités à haute valeur ajoutée », souligne un des ministres chargé du dossier. «Les masques, c’est une vraie connerie d’en produire ici. La valeur ajoutée est nulle ! » Il suffirait donc de garder une usine capable d’en produire en urgence, au cas où, et d’avoir des stocks à jour…
Mais les relocalisations ne se décrètent pas. Elles nécessiteront de faciliter l’installation d’usines sur le territoire national alors qu’elles suscitent souvent des résistances de la part des habitants installés à proximité. En France, l’administration peine encore à faciliter la vie des porteurs de projet de nouvelles usines avec des services pas toujours coordonnés entre eux : entre les études environnementales, l’obtention du permis de construire et l’archéologie préventive, le processus vire parfois au casse-tête.
Pour justifier de s’installer dans d’autres pays, les entreprises mettent par ailleurs souvent en avant le poids des « impôts de production », qui grèvent leurs comptes avant même de savoir si elles parviennent à dégager du profit ou non, ou celui du travail qualifié, sur lequel repose désormais l’essentiel du modèle social hexagonal. « Selon Eurostat, les impôts sur la production ont un produit égal à 4,9 % du PIB en France en 2019, contre 2,2 % dans la zone euro, 2,3 % dans l’Union européenne à 28, et seulement 0,7 % en Allemagne », rappelle François Écalle, sur son site Inter