Le Point

Jacques Perrin : « L’expérience de l’océan vous rend meilleur »

Invité d’honneur de la Grande Croisière des océans organisée par Le Point et Ponant, le cinéaste revient sur la passion qui l’engage.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT

«Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » À le voir, à l’écouter, on se dit qu’il a dû, bébé, être bercé par le vers de Baudelaire… Réalisateu­r de l’incroyable Océans (dont il a offert les rushs à la Cité de la mer de Cherbourg), acteur dans Les Quarantièm­es Rugissants, Le Crabe-tambour ou L’Honneur d’un capitaine, Jacques Perrin est l’une des rares figures du cinéma à avoir autant mis la mer au premier plan. En décembre prochain, aux côtés de la navigatric­e Marie Tabarly, de la championne d’apnée Aurore Asso, du biologiste et ancien président du Muséum d’histoire naturelle Gilles Boeuf et de l’architecte Jacques Rougerie, pionnier de l’habitat sous-marin, tous engagés comme lui dans la protection de l’océan, il s’embarquera pour une croisière unique vers le Belize et son mythique Blue Hole, le temps d’une aventure immersive combinant plongée et découverte des dernières connaissan­ces sur l’océan.

Le Point: Vous êtes ambassadeu­r de la Cité de la mer, vous avez joué dans «Les Quarantièm­es Rugissants», tourné l’incroyable odyssée qu’est «Océans»… Elle vous a pris quand, la mer? Jacques Perrin :

À Granville, tout petit, avec mes parents, et vous savez quoi ? Le ressac me donnait mal à la tête ! J’ai bien changé ! Je m’y suis ensuite enfoncé, la mer a peuplé mes rêves. À 19 ans, j’ai acheté un chalutier avec un ami qui était, comme bien des patrons pêcheurs, en difficulté. J’étais acteur, je pouvais l’aider. Il a maintenant 100 ans, il est toujours aussi plein de souvenirs, c’est toujours mon ami. Les marins vous ouvrent leur âme quand ils vous parlent de la mer. Je me souviens de la pêche au lamparo, au large de Collioure, alors que je tournais un film avec Deneuve. Le texte n’était pas passionnan­t, j’attendais le soir pour courir au port et embarquer. La mer devenait une ville avec tous ces lampions sur elle. Magique! Je sentais la sardine en rentrant, c’était âcre mais reposant. À l’époque, je fuyais sur la mer…

L’océan va mal. Vous en avez donné un sidérant aperçu de huit minutes dans «Océans»…

Les autorités ne perçoivent pas la dimension du crime.

Pollution, surpêche… La vigilance n’existe que dans les textes. Il faudrait des Casques bleus de la mer, ou être un peu pirate comme le capitaine Watson, sur lequel je fais un film. L’océan devient sans odeur à force d’être agressé. On rêve en regardant une belle étendue bleue mais c’est une illusion : dessous s’entassent les restes innommable­s de notre société, qui n’est plus éduquée. Et ne parlons pas des fleuves, ses veines, que l’on bourre de produits toxiques. Comment va-t-on encore oser prendre la main de nos enfants devant ce territoire qu’on empoisonne ?

C’est pour cette raison que vous participez à la Grande Croisière des océans?

Oui. Parce qu’on n’a pas d’océan de rechange. Et que je veux aider en essayant de transmettr­e ce que nous donne ce territoire de délices et de surprises, puissant et enchanteur. Il faut raconter l’océan, mais aussi le vivre. L’aventure commence quand on a les pieds dans l’eau… Et avec ces gens de conviction et de poésie que sont mes camarades, grands connaisseu­rs de l’océan, chacun dans son domaine, cela va être une équipée formidable. Le Belize est un tel territoire de légendes… N’oublions pas la beauté : il y a encore des endroits, des rivages, des atolls où l’océan nous ouvre au ciel. Il faut y plonger et raconter ce qu’on a vu, ressenti. Je crois profondéme­nt que faire l’expérience de l’océan vous rend meilleur

« N’oublions pas la beauté : il y a encore des endroits, des rivages, des atolls où l’océan nous ouvre au ciel. »

Grande Croisière des océans Ponant/Le Point, du 15 au 22 décembre 2020. Informatio­ns et inscriptio­n sur www.ponant.com.

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 ??  ?? L’honneur d’un capitaine. Le ballet des méduses dorées, image extraite d’« Océans », réalisé par Jacques Perrin en 2009.
L’honneur d’un capitaine. Le ballet des méduses dorées, image extraite d’« Océans », réalisé par Jacques Perrin en 2009.

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