Darmanin, Dupond-Moretti, Moreno : la loi des suspects, par Sébastien Le Fol
Selon la jurisprudence Castaner, apparue lors des manifestations de rue en France après la mort de George Floyd, l’« émotion » dépasse désormais les « règles juridiques qui s’appliquent ». Au nom de cette « émotion », des milliers de militantes féministes ont défilé ces derniers jours. Parmi les slogans :
« Darmanin, un violeur à l’Intérieur, Dupond-Moretti, un complice à la Justice ». Le ministre de l’Intérieur est accusé de viol, de harcèlement sexuel et d’abus de confiance. Malgré deux classements sans suite et un non-lieu, des investigations ont été demandées. Quant au nouveau garde des Sceaux lui sont reprochés des propos contre #MeToo et #Balancetonporc. Au diable la présomption d’innocence et la liberté d’expression. Des minorités actives désignent des coupables sur la place publique. Une nouvelle loi des suspects s’applique, inspirée de la Terreur. En 1793, on arrêtait ceux qui « n’ayant rien fait contre la liberté, n’ont rien fait pour elle ». On confondait les suspects en examinant leur conduite, leurs relations et leurs propos. Des comités de surveillance décernaient « contre eux les mandats d’arrêt ». Sous la Terreur, un « discours astucieux » (nuancé, équivoque ou ironique) vous privait de certificat de civisme. Refusant de céder au manichéisme ambiant, la nouvelle ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, est visée sur les réseaux sociaux. En France, avant de former le gouvernement, les ministrables sont soumis à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. On voit la tentation des nouveaux fanatiques : étendre ce contrôle à la moralité et aux idées des ministres pressentis. La militante Caroline De Haas a déclaré la guerre à ce « gouvernement antiféministe ». Elle pourrait prendre la tête d’une Haute Autorité pour la moralité de la vie publique. Bien qu’en désaccord avec elle, nous nous battrons toujours afin qu’elle exprime ses idées et ne soit pas lynchée par ses adversaires, mais elle verrait, là encore, un de ces « discours astucieux » dont il faut éradiquer l’auteur, homme de surcroît…
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