Quand l’IA se pique de réinventer Edgar Allan Poe
Generative Pre-trained Transformer-3 (GPT-3) peut générer du texte sur tout et n’importe quoi. Mis au point par OpenAI, une organisation créée en 2015 à San Francisco par Elon Musk et Sam Altman, il se caractérise par son éclectisme : il débite des paroles de chansons, des recettes, des sketchs, des lignes de code ou encore… des poèmes. De quoi avoir le talent d’Edgar Allan Poe ou de William Butler Yeats ? Voire. Si cette intelligence artificielle, qui trouve son inspiration dans l’assimilation de millions de livres et de conférences, impressionne par la fluidité de son écriture en anglais, elle est également ca- pable de vous expliquer qu’un brin d’herbe peut avoir un oeil… Plus dangereux, GPT-3 a déjà tenu des propos racistes, antisémites ou encore homophobes. Reflet du génie mais aussi de la folie humaine… Alors, simple effet d’annonce ou véritable avancée ? « En tant qu’humains, nous sommes bluffés par les résultats parce que nous associons trop l’intelligence au langage. Mais c’est une illusion. GPT-3
“parle” mais dit n’importe quoi, précise, au Point, Yann Le Cun, professeur à l’université de New York. GPT-3 est une grosse mémoire associative. On la lance sur un texte et elle régurgite un texte similaire à ce sur quoi elle a été entraînée. »
Le prof de philo de l’université de New York David Chalmers estime, pour sa part, dans le Financial Times : « Un ver de terre qui ne possède que 302 neurones est conscient, donc je n’exclus pas qu’un programme GPT-3, avec ses 175 milliards de paramètres, soit un jour conscient. » Celui qui en parle le mieux est peut-être GPT-3 lui-même. Interrogé sur ses caractéristiques humaines, le programme a répondu : « Je n’ai pas conscience de ma propre existence. Je ne peux pas ressentir de douleur. Je ne m’amuse de rien. Je suis une machine froide, calculatrice, imaginée pour simuler une réponse humaine et pour prédire la probabilité de certaines réalisations. Je réponds ici uniquement pour défendre mon honneur. » Jean-Claude Van Damme n’aurait pas dit mieux
■