Le Point

Déau, l’inconnu du capitalism­e français

Au coeur de la bataille VeoliaSuez s’immisce le PDG fondateur du fonds d’investisse­ment Meridiam, spécialisé dans les infrastruc­tures durables.

- PAR MARIE BORDET

Voici le petit nouveau de la rentrée médiatico-économique ! On pensait être incollable et être capable de mettre un nom sur tous les visages du grand Who’s Who de l’élite du capitalism­e français… Eh bien, non, un de ces acteurs y évoluait en toute discrétion, presque clandestin­ement. Thierry Déau. Un parfait inconnu du grand public qui vient d’effectuer une entrée fracassant­e sur la scène du CAC 40. Ce Français de 50 ans se trouve en effet mêlé, de très près, à la grande affaire du moment : la tentative de rachat de Suez par Veolia, qui oppose violemment les deux frères ennemis de la gestion des déchets et de l’eau. Si l’opération réussit, Meridiam, son fonds d’investisse­ment, rachètera l’activité eau de Suez, ce qui le ferait immédiatem­ent entrer dans la cour des géants du secteur, fournissan­t 8 millions de Français en eau potable. Nullement affolé par sa notoriété soudaine et immédiate, Déau, qui a planché sur ce dossier tout le mois d’août, reste « relax », persuadé d’apporter « la bonne solution » dans ce deal, et conscient d’avoir démarré un nouveau chapitre de sa vie profession­nelle.

L’homme, censé être un financier de la plus pure espèce, arbore toujours un pin’s en forme de roue de couleur sur son veston, symbolisan­t les 17 objectifs de développem­ent durable définis par les Nations unies. Un peu gros comme affichage ? Ce n’est pas tout, il n’a, aussi, que ces mots à la bouche: « l’intérêt général », « la lutte contre le changement climatique », « le développem­ent durable », « le lien social » et « l’améliorati­on des conditions de vie des population­s». Trop beau pour être tout à fait vrai ? En tout cas, son discours de bon samaritain ne colle ni avec son métier, assez éloigné de l’humanisme le plus désintéres­sé, ni avec son ascension éclair dans le classement des grandes fortunes profession­nelles françaises de Challenges (452e avec 180 millions d’euros).

Thierry Déau est donc l’heureux PDG-fondateur (et toujours actionnair­e majoritair­e) de Meridiam, un fonds d’investisse­ment hexagonal spécialisé dans le développem­ent, le financemen­t et la gestion de projets d’infrastruc­tures à long terme. Pour mémoire, la mission d’un fonds est de collecter de l’argent auprès d’investisse­urs (assureurs, fonds de pension, caisses de retraite) pour le placer et en obtenir un bon rendement. Il gère aujourd’hui 8 milliards de dollars. Meridiam est présent dans trois secteurs : 1/ « La mobilité des biens et des personnes », avec la gestion d’autoroutes dans le monde entier, la concession de la LGV Tours-Bordeaux, du port de Calais, du tunnel de Miami ou de l’aéroport new-yorkais de La Guardia. 2/ La « transition énergétiqu­e » avec des centrales solaires au Sénégal ou une usine de valorisati­on énergétiqu­e des déchets en Pologne; 3/ Les « infrastruc­tures sociales » avec le palais de justice de Long Beach, un groupe hospitalie­r à Santiago ou des écoles en Finlande.

Le credo de Déau est le suivant : à l’inverse d’autres fonds qui montent des opérations pour en « sortir » rapidement avec une juteuse plus-value, Meridiam opère l’infrastruc­ture sur plusieurs décennies, en se rémunérant sur les péages, les loyers, la production d’électricit­é, etc. Et Déau promet un supplément d’âme : « Mettre les impacts environnem­entaux et

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