Le plan d’épargne retraite, c’est maintenant !
Lancé officiellement en 2019, le nouveau plan d’épargne retraite prend son envol avec une offre soutenue. Qui a intérêt à y souscrire ? Pourquoi ? Que regarder avant de signer ? Nos réponses pratiques pour y voir clair.
C
’est le vrai départ ! Après un an de préparatifs, la plupart des grands groupes bancaires, d’assurances et de mutuelles ont sorti les nouveaux plans d’épargne retraite et mis leurs réseaux en ordre de bataille pour attaquer ce marché qui s’annonce juteux pour les professionnels, tant les incertitudes sur l’avenir – et le montant ! – des retraites obligatoires sont grandes.
Ces acteurs institutionnels ne sont pas seuls dans la danse: les courtiers en ligne les talonnent. Autant dire que la pression commerciale va être forte sur les épaules des épargnants, qui vont subir les assauts de leurs conseillers pour souscrire au successeur des plans d’épargne retraite populaire (Perp) et, pour les travailleurs non salariés, des contrats Madelin. Une pression d’autant plus forte que, d’après les premiers établissements qui l’ont commercialisé, le succès est au rendez-vous. « Nous avons été surpris du bon démarrage du produit, alors qu’il était encore peu connu», confie Éric Girault, président fondateur de Mes-placements.fr.
Plus de souplesse… mais des contraintes.
Le PER a un atout de poids par rapport à ses prédécesseurs : il ne contraint plus les souscripteurs au seul versement d’une rente viagère à la sortie, c’està-dire un revenu versé à vie en échange du capital constitué. Avec lui, la souplesse est de mise. C’est lors du départ à la retraite que l’épargnant choisit la meilleure manière de récupérer son épargne: opter pour une rente viagère, ou retirer son capital en une ou plusieurs fois. Les personnes en bonne santé, un peu cigales, qui ont un besoin régulier de compléter leurs fins de mois choisiront la première solution ; celles qui ne s’imaginent pas centenaires ou qui souhaitent pouvoir conserver l’usage de leur argent au moment où elles en ont besoin opteront pour la sortie en capital ; celles qui doutent pourront mélanger les deux formules.
Pour autant, il ne faut pas assimiler le PER à un placement comme les autres : c’est un vrai produit de complément de retraite, dans lequel votre argent n’est plus disponible jusqu’à la cessation de votre activité. Seule l’acquisition d’une résidence principale ou des accidents de la vie (décès, invalidité, fin de droit aux allocations de chômage, surendettement…) peuvent y mettre fin avant cette échéance. Il ne faut donc pas y placer de l’argent dont vous êtes susceptible d’avoir besoin avant vos vieux jours. Ce qui devrait logiquement exclure toutes les personnes de moins de 40 ans de ce dispositif: « C’est un produit qui s’adresse plutôt à des personnes qui sont à dix ou quinze ans de la retraite, et qui peuvent se permettre de bloquer un capital sur cette durée », confie Mariem Karoui, responsable du département d’ingénierie patrimoniale au cabinet Haussmann Patrimoine.
Un intérêt pour les gros contribuables.
Gare au chant des sirènes : si les professionnels ne manqueront pas de mettre en avant les économies d’impôts possibles, il faut bien mesurer deux points qui relativisent cet avantage.
Tout d’abord, le PER n’offre pas une réduction d’impôts, mais une déduction des primes versées des revenus imposables. Une nuance qui change beaucoup de choses : avec la déduction fiscale, le gain d’impôt dépend directement de la tranche marginale d’imposition dans laquelle vous êtes taxé. Pour faire simple : si vous n’êtes pas imposable, vous n’en tirerez aucun bénéfice fiscal, alors que si vous êtes imposé à 45 % (la tranche la plus haute), vous réduirez vos impôts de 450 euros chaque fois que vous investirez 1 000 euros dans le plan. « Il est préférable d’être imposé dans une tranche de 30 % au minimum [ce qui correspond à des revenus par part compris entre 25 660 et 73 369 euros par part, NDLR] », prévient Christine Valence, responsable patrimoniale chez BNP Wealth Management. Cela
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C’est le nombre de compartiments que proposeront à terme tous les PER, pour recueillir les différents types de versements : volontaires, épargne salariale et retraite d’entreprise (ex-article 83).