Mettre du vert dans son portefeuille
La crise du Covid dope le marché des obligations vertes. Un nouveau créneau d’investissement.
Emmanuel Macron a émis le souhait de « redémarrer plus vert ». Énergies renouvelables, rénovation des bâtiments… le chef de l’État affûte son plan. Mais pourquoi ne pas balayer dans son camp et « verdir » ses propres décisions, notamment le financement de ses nouvelles dettes en encourageant les émissions d’obligations vertes, désignées plus couramment par leur nom anglais, green bonds. Ces titres ne représentent aujourd’hui que 2 % du montant de dettes.
Qu’est-ce qu’une obligation verte ? C’est un emprunt classique émis sur les marchés par une entreprise, une entité publique ou un État, remboursable à une échéance déterminée et assorti d’un rendement (coupon). Mais c’est aussi un emprunt qui est fléché, c’est-à-dire qu’il précise sa destination – ce que son montant va financer –, à savoir un projet à caractère environnemental. L’émetteur s’engage en outre à rendre compte de l’emploi des fonds et des bénéfices environnementaux procurés.
Apparues à la fin des années 2000, ces obligations n’ont vraiment décollé qu’en 2017 à la suite de la COP21. « Le volume des émissions a alors doublé », rappelle Hervé Guez, directeur de la gestion actions et taux chez Mirova. Puis, après une pause en 2018, le marché est reparti. En 2019, les émissions ont augmenté de 50%, atteignant 255 milliards de dollars, ce qui a porté l’encours à 750 milliards de dollars. Elles n’étaient que de 36,6 milliards en 2014.
Depuis janvier, seuls 80 milliards ont pu avoir lieu. Mais un certain nombre d’émetteurs ont annoncé leur décision de venir ou revenir sur ce marché. Au second semestre, l’agence allemande de la dette compte émettre pour la première fois entre 8 et 12 milliards d’euros d’obligations vertes – une consécration pour ce marché, une émission allemande constituant une « référence ». Espagne, Italie, Pologne, Irlande, Belgique, Pays-Bas… le marché des green bonds devrait profiter également du surplus d’émissions de dettes décidées par les gouvernements pour financer leurs plans de relance. En juillet, même Christine Lagarde, présidente de la BCE, a demandé que les achats des banques centrales soient plus « verts ».
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