Le deuil d’un père, #MeToo ou le Liban familial. Elles n’en sont pas à leur coup d’essai et font vibrer la corde de l’intime avec un talent rare.
à travers les souvenirs. Certains le deviennent, mais Sarah Chiche l’était avant d’être analyste. Comme le montre son précédent roman, Les Enténébrés (Seuil, 2019), elle est née sous le signe de Saturne, dieu de la mélancolie. Mais, comme l’ont montré Erwin Panofsky et Jean Starobinski, il est l’inspirateur ultime de la créativité artistique
■
impuissant à la liaison de son père avec ladite Muriel, leur voisine du dessus, avec qui il se lie d’amitié. Anne, la mère trompée, se noie dans l’alcool et ses rêves de revanche. Bertrand, l’époux adultère, tente de surmonter sa crise de la quarantaine et de cacher à ses proches sa maladie. Avec ce roman choral, l’actrice transforme l’essai : elle est bien écrivain. Libre, comme elle nous le confie avec malice, de confondre la fiction et le réel, de mêler à l’autobiographie des souvenirs de tournage, des abus relatés par des amies comédiennes, d’interroger cette « zone grise », ce flou qui entoure la notion de consentement. Et d’affirmer que, des cow-boys et des Indiens, les gagnants ne sont pas toujours ceux qu’on croit
■
«Un film surréaliste où j’aurais le premier rôle. » Quand il évoque sa nouvelle vie d’artiste à qui tout réussit, Fabcaro fait penser à l’un de ses personnages, des hommes lambda qui se retrouvent dans des situations aussi improbables qu’inextricables. En 2015, sa bande dessinée Zaï zaï zaï zaï, qui racontait les affres d’un dessinateur poursuivi par tout un pays pour avoir oublié sa carte de réduction dans un supermarché, s’est écoulée à plus de 250 000 exemplaires. Publiée chez un petit éditeur, elle a été adaptée au théâtre et le sera bientôt au cinéma. Cet automne sort Le Discours . Labellisé « Cannes », il porte à l’écran le roman du même nom, publié en 2018 et vendu à plus de 120000 exemplaires, signé Fabrice Caro, qui sera également l’une des têtes d’affiche de la rentrée littéraire avec Broadway. L’histoire d’un type normal qui, recevant un jour un courrier suspect de l’Assurance-Maladie, quitte sa vie à Biarritz entre paddle et « barbecues sympas comme tout » pour vivre comme dans une comédie musicale de Broadway.
Il a choisi Fabrice Caro et non Fabcaro, patronyme qui est le sien en BD depuis ses débuts – dans un anonymat à peu près complet – dans les années 2000. « J’avais publié un premier roman chez Gallimard en 2006, Figurec, passé inaperçu, et je voulais que mon deuxième soit lu pour de bonnes raisons, pas parce qu’il était signé de