Le Point

Le deuil d’un père, #MeToo ou le Liban familial. Elles n’en sont pas à leur coup d’essai et font vibrer la corde de l’intime avec un talent rare.

- MICHEL SCHNEIDER

à travers les souvenirs. Certains le deviennent, mais Sarah Chiche l’était avant d’être analyste. Comme le montre son précédent roman, Les Enténébrés (Seuil, 2019), elle est née sous le signe de Saturne, dieu de la mélancolie. Mais, comme l’ont montré Erwin Panofsky et Jean Starobinsk­i, il est l’inspirateu­r ultime de la créativité artistique

impuissant à la liaison de son père avec ladite Muriel, leur voisine du dessus, avec qui il se lie d’amitié. Anne, la mère trompée, se noie dans l’alcool et ses rêves de revanche. Bertrand, l’époux adultère, tente de surmonter sa crise de la quarantain­e et de cacher à ses proches sa maladie. Avec ce roman choral, l’actrice transforme l’essai : elle est bien écrivain. Libre, comme elle nous le confie avec malice, de confondre la fiction et le réel, de mêler à l’autobiogra­phie des souvenirs de tournage, des abus relatés par des amies comédienne­s, d’interroger cette « zone grise », ce flou qui entoure la notion de consenteme­nt. Et d’affirmer que, des cow-boys et des Indiens, les gagnants ne sont pas toujours ceux qu’on croit

«Un film surréalist­e où j’aurais le premier rôle. » Quand il évoque sa nouvelle vie d’artiste à qui tout réussit, Fabcaro fait penser à l’un de ses personnage­s, des hommes lambda qui se retrouvent dans des situations aussi improbable­s qu’inextricab­les. En 2015, sa bande dessinée Zaï zaï zaï zaï, qui racontait les affres d’un dessinateu­r poursuivi par tout un pays pour avoir oublié sa carte de réduction dans un supermarch­é, s’est écoulée à plus de 250 000 exemplaire­s. Publiée chez un petit éditeur, elle a été adaptée au théâtre et le sera bientôt au cinéma. Cet automne sort Le Discours . Labellisé « Cannes », il porte à l’écran le roman du même nom, publié en 2018 et vendu à plus de 120000 exemplaire­s, signé Fabrice Caro, qui sera également l’une des têtes d’affiche de la rentrée littéraire avec Broadway. L’histoire d’un type normal qui, recevant un jour un courrier suspect de l’Assurance-Maladie, quitte sa vie à Biarritz entre paddle et « barbecues sympas comme tout » pour vivre comme dans une comédie musicale de Broadway.

Il a choisi Fabrice Caro et non Fabcaro, patronyme qui est le sien en BD depuis ses débuts – dans un anonymat à peu près complet – dans les années 2000. « J’avais publié un premier roman chez Gallimard en 2006, Figurec, passé inaperçu, et je voulais que mon deuxième soit lu pour de bonnes raisons, pas parce qu’il était signé de

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Sarah Chiche
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Isabelle Carré
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Diane Mazloum
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