Diane Mazloum, célébration du Liban
D’abord une précision : le troisième opus de la romancière libanaise Diane Mazloum ne contient pas d’allusion à l’explosion qui a ravagé Beyrouth le 4 août dernier, pour la bonne raison qu’il a été achevé en mai. Pour cette Piscine dans le désert, l’autrice du remarqué L’Âge d’or (Stock, 2014) nous transporte au carrefour de trois pays en guerre, dont elle ne donne pas les noms. Mais en est-il besoin ? Les frontières sont imprécises, le conflit omniprésent. Là, un village « suspendu dans le temps » et qui, pourtant, « semble contenir le monde ». Et, en surplomb, une maison un peu magique.
Tout commence par la photo volée d’une piscine construite illégalement sur un terrain appartenant à une famille exilée au Canada, les Bendos. La coupable est une céramiste dénommée Fausta, qui voulait, dira-t-elle, « s’y relaxer le soir ». Il faut la comprendre, elle suit un traitement hormonal pour avoir un enfant, et ce pays montagneux noyé dans la chaleur suscite en elle d’irrésistibles envies d’eau ! Quoi qu’il en soit, la violation de propriété est incontestable, et les Bendos expédient leur fils Léo régler le litige sur place.
Évidemment, rien ne se déroulera comme prévu. Diane Mazloum nous balade avec grâce entre chronique et célébration. Sous un soleil de plomb, on va d’anecdotes villageoises en souvenirs sucrés et doux, de portraits ironiques et tendres en délices et horreurs variés. On croise des « Initiés », on plonge dans une Histoire à jamais mystérieuse. Il y a une femme qui fait corps avec la nature, et un homme qui découvre, enfin, sa terre. Lumineux
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