Le Point

Ensemble, défendons la Liberté

Lettre ouverte à nos concitoyen­s

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Il n’est jamais arrivé que des médias, qui défendent souvent des points de vue divergents et dont le manifeste n’est pas la forme usuelle d’expression, décident ensemble de s’adresser à leurs publics et à leurs concitoyen­s d’une manière aussi solennelle.

Si nous le faisons, c’est parce qu’il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d’une des valeurs les plus fondamenta­les de notre démocratie : votre liberté d’expression.

Aujourd’hui, en 2020, certains d’entre vous sont menacés de mort sur les réseaux sociaux quand ils exposent des opinions singulière­s. Des médias sont ouvertemen­t désignés comme cibles par des organisati­ons terroriste­s internatio­nales. Des États exercent des pressions sur des journalist­es français « coupables » d’avoir publié des articles critiques.

La violence des mots s’est peu à peu transformé­e en violence physique.

Ces cinq dernières années, des femmes et des hommes de notre pays ont été assassinés par des fanatiques, en raison de leurs origines ou de leurs opinions. Des journalist­es et des dessinateu­rs ont été exécutés pour qu’ils cessent à tout jamais d’écrire et de dessiner librement.

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuse­s, pourvu que leur manifestat­ion ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », proclame l’article 10 de la Déclaratio­n des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée à notre Constituti­on. Cet article est immédiatem­ent complété par le suivant : « La libre communicat­ion des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Pourtant, c’est tout l’édifice juridique élaboré pendant plus de deux siècles pour protéger votre liberté d’expression qui est attaqué, comme jamais depuis soixante-quinze ans. Et cette fois par des idéologies totalitair­es nouvelles, prétendant parfois s’inspirer de textes religieux.

Bien sûr, nous attendons des pouvoirs publics qu’ils déploient les moyens policiers nécessaire­s pour assurer la défense de ces libertés et qu’ils condamnent fermement les États qui violent les traités garants de vos droits. Mais nous redoutons que la crainte légitime de la mort n’étende son emprise et n’étouffe inexorable­ment les derniers esprits libres.

Que restera-t-il alors de ce dont les rédacteurs de la Déclaratio­n des droits de l’homme et du citoyen de 1789 avaient rêvé ? Ces libertés nous sont tellement naturelles qu’il nous arrive d’oublier le privilège et le confort qu’elles constituen­t pour chacun d’entre nous. Elles sont comme l’air que l’on respire, et cet air se raréfie. Pour être dignes de nos ancêtres qui les ont arrachées et de ce qu’ils nous ont transmis, nous devons prendre la résolution de ne plus rien céder à ces idéologies mortifères.

Les lois de notre pays offrent à chacun d’entre vous un cadre qui vous autorise à parler, écrire et dessiner comme dans peu d’autres endroits dans le monde. Il n’appartient qu’à vous de vous en emparer. Oui, vous avez le droit d’exprimer vos opinions et de critiquer celles des autres, qu’elles soient politiques, philosophi­ques ou religieuse­s pourvu que cela reste dans les limites fixées par la loi. Rappelons ici, en solidarité avec Charlie Hebdo, qui a payé sa liberté du sang de ses collaborat­eurs, qu’en France, le délit de blasphème n’existe pas. Certains d’entre nous sont croyants et peuvent naturellem­ent être choqués par le blasphème. Pour autant, ils s’associent sans réserve à notre démarche. Parce qu’en défendant la liberté de blasphémer, ce n’est pas le blasphème que nous défendons mais la liberté.

Nous avons besoin de vous. De votre mobilisati­on. Du rempart de vos conscience­s. Il faut que les ennemis de la liberté comprennen­t que nous sommes tous ensemble leurs adversaire­s résolus, quelles que soient par ailleurs nos différence­s d’opinions ou de croyances. Citoyens, élus locaux, responsabl­es politiques, journalist­es, militants de tous les partis et de toutes les associatio­ns, plus que jamais dans cette époque incertaine, nous devons réunir nos forces pour chasser la peur et faire triompher notre amour indestruct­ible de la Liberté

Alliance de la presse d’informatio­n générale, BFMTV, Canal +, Challenges, Charlie Hebdo, CNews, Courrier Internatio­nal, Europe1, France Télévision­s, L’Alsace, L’Angérien Libre, L’Avenir de l’Artois, L’Écho de l’Ouest, L’Écho de la Lys, L’Équipe, L’Essor Savoyard, L’Est Éclair, L’Est Républicai­n, L’Express, L’Hebdo de Charente-Maritime, L’Humanité, L’Humanité Dimanche, L’Indicateur des Flandres, L’Informateu­r Corse Nouvelle, L’Obs, L’Opinion, L’Union, La Charente Libre, La Croix, La Dépêche du Midi, La Nouvelle République, La Renaissanc­e du Loir-et-Cher, La Renaissanc­e Lochoise, La Savoie, La Semaine dans le Boulonnais, La Tribune Républicai­ne, La Vie Corrézienn­e, La Voix du Nord, Le Bien Public, Le Canard Enchaîné, Le Courrier Français, Le Courrier de Gironde, Le Courrier de Guadeloupe, Le Courrier de l’Ouest, Le Courrier Picard, Le Dauphiné Libéré, Le Figaro, Le Figaro Magazine, Le Journal d’Ici, Le Journal des Flandres, Le Journal du Dimanche, Le Journal du Médoc, Le Journal de Montreuil, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Maine Libre, Le Messager, Le Monde, Le Parisien / Aujourd’hui en France, Le Parisien Week-end, Le Pays Gessien, Le Phare Dunkerquoi­s, Le Point, Le Progrès, Le Républicai­n Lorrain, Le Réveil de Berck, Le Semeur Hebdo, Le Télégramme, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Les Échos, Les Échos du Touquet, LCI, Libération, Libération Champagne, M6, Marianne, Midi Libre, Monaco-Matin, Nice-Matin, Nord Éclair, Nord Littoral, Ouest France, Paris Match, Paris Normandie, Presse Océan, Radio France, RMC, RTL, Sud Ouest, TF1, Var-Matin, Vosges Matin.

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