Cloud made in France : la résistance s’organise
« On a cette bataille du cloud, car, aujourd’hui, on l’a perdue. On doit la rouvrir », a expliqué Emmanuel Macron le 14 septembre à l’Élysée, avant de préciser : « Si on veut maîtriser durablement notre écosystème, si on veut être souverain au niveau européen, on doit rouvrir ce sujet. » Renoncer à nous doter de nos propres infrastructures reviendrait en effet à permettre à un acteur étranger non seulement de surveiller nos communications privées et professionnelles, mais aussi d’être à même de stopper l’économie, le fonctionnement d’une société. Ce n’est pas la première fois que nos décideurs politiques essaient de s’emparer du sujet. La France a tenté, en 2012, de lancer un cloud souverain. Au lieu de confier les commandes à des acteurs déjà existants, notre pays avait alors décidé de créer de toutes pièces deux sociétés, Cloudwatt et Numergy. Elles n’ont jamais convaincu commercialement, et l’État a perdu au passage plusieurs dizaines de millions d’euros. Initié par Paris et Berlin dans la foulée du
21e conseil des ministres franco-allemand, qui s’est tenu à Toulouse en octobre 2019, le projet Gaia-X, qui vise à renforcer les acteurs français et allemands déjà existants, paraît bien plus pragmatique. En ce sens, l’annonce d’un partenariat entre le français OVH et l’allemand T-Systems est de bon augure. Car dans notre pays, les talents sont nombreux, d’Outscale, signé Dassault Systèmes, à Thales, en passant par les services d’opérateurs télécoms, sans oublier Rapid.Space, Claranet, Euris, Clever Cloud, basée à Nantes, Platform.sh, ou encore Scaleway à Paris. « Avec mes camarades du cloud français nous sommes prêts à en découdre », explique Yann Lechelle, le directeur général de Scaleway. Mais il faut aller vite. Amazon, géant américain du cloud, a dépensé, selon PwC, 22,6 milliards de dollars en recherche en 2018, ce qui constitue une augmentation de plus de 40 % par rapport à l’année précédente
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