François Lenglet : « Ça va secouer ! »
Hyperdette, épargne, robotisation, État… Ce qui nous attend selon l’auteur de Quoi qu’il en coûte !.
Le Point: Vous dites que nous sommes entrés dans un monde d’hyperdette et que nous soignons encore la crise actuelle par de la nouvelle dette. Pourquoi est-ce si grave?
François Lenglet :
C’est grave parce que cette dette va finir par obérer la croissance ! Jusqu’à présent, on a trouvé des subterfuges avec les taux zéro – bientôt des taux négatifs – ou l’irrigation du système financier par la création monétaire. Mais, au bout du bout, il va bien falloir se débarrasser de cette dette. Et on ne peut pas s’en débarrasser sans détruire du capital, c’està-dire de l’épargne. Dette et épargne sont les deux faces de la même pièce : si vous vous êtes endetté, c’est bien que quelqu’un vous a prêté avec son épargne. Donc, si on vous dispense de rembourser, un autre est lésé. Les gens ne s’en rendent pas compte, mais, dans cette fuite en avant de la dette, c’est le fruit de leur travail qui est en jeu à travers ce qu’ils ont économisé. Pour eux, se faire prendre cet argent serait insupportable. On a vu, dans les pays dans lesquels c’est arrivé et par le passé en Europe, que lorsqu’on touche à la valeur de l’argent on détruit l’organisation même de la société. Quant à annuler les dettes détenues par les banques centrales, on prend le risque de miner la confiance dans la monnaie !
Ce torrent de dette est bien nécessaire pour surmonter la crise du Covid, non?
Le Covid n’est qu’un sujet secondaire, un accélérateur de la tendance qui est à l’oeuvre. Demain, il y aura d’autres justifications au recours à l’endettement, ça ne va pas s’arrêter. Le problème
Ce sont donc les détenteurs de capitaux et les épargnants qui vont payer?
Oui, tout converge vers cela, d’autant qu’il existe un ressentiment politique de plus en plus puissant. Voyez cette violence qui s’exprime avec le mouvement des Gilets jaunes et ses avatars à travers le monde, sous différentes formes. De ce point de vue, la réforme de la fiscalité du capital d’Emmanuel Macron était sans doute juste sur le plan économique – je l’ai moi-même approuvée – mais à contretemps d’un point de vue politique : ça a fortement aggravé les tensions.
Le risque est d’autant plus grand que ce sont les travailleurs de la «seconde ligne», comme dit Emmanuel Macron, qui sont les plus exposés à la robotisation et risquent de voir leur emploi disparaître…
Il y a deux avenirs possibles : la polarisation des revenus et du
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« Le problème de fond, c’est que la demande des entreprises et des ménages ne suffit plus à faire tourner l’économie. »