Bousculé par le télétravail, le quartier d’affaires doit rectifier son modèle.
En empruntant le boulevard circulaire, très film de science-fiction, qui ceinture la Défense et sa skyline, des images fantasmées de confinement nous revenaient à l’esprit. La grande dalle, désertée, parvenant à ébullition sous un soleil torride. Des tours silencieuses, volets intérieurs clos, lumières éteintes et ascenseurs au chômage technique. Dans le premier quartier d’affaires d’Europe, monde à part situé à dix minutes de Paris, la pandémie du Covid-19 avait figé le temps comme partout ailleurs, et le flux quotidien de dizaines de milliers de cadres sup’ qui s’y déverse habituellement s’était tari du jour au lendemain. Tout le monde avait basculé dans le télétravail, particulièrement adapté à ces métiers de financiers et autres ingénieurs.
Six mois plus tard… Nous avons à peine posé un pied sur la dalle qu’une jeune femme à l’air désespéré nous aborde, les yeux rivés sur l’appli « plans » de son smartphone : « Pardon de vous déranger mais je cherche la tour Dexia et je ne comprends pas quel chemin je dois prendre. Je suis perdue. » Nous voilà rassurés : 1/ Des êtres humains ont fait leur retour sur zone. 2/ En ces temps troublés, il y a quand même des choses immuables, comme « faire une crise de panique à la Défense ».
En réalité, selon Paris La Défense, l’établissement public d’aménagement, d’animation et de gestion du quartier d’affaires, l’activité a repris de manière nette avec près de 60 % des salariés revenus sur place. Detours ou immeubles de grande hauteur (IGH) entreprises dont
d’origine étrangère
une phase attentiste. Toutes les directions d’entreprises s’interrogent sur leurs nouveaux besoins en termes de mètres carrés : pourquoi garder de grandes surfaces si les salariés ne sont présents sur place que deux à trois jours par semaine ? Et en période de crise, il est bienvenu de trouver des sources durables d’économie. Fatalement donc, les effets du « nouveau monde » se font déjà sentir à la Défense : les transactions baissent et le taux de vacance des bureaux croît. En conséquence, l’ajustement des prix est en cours.
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« Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à un Défense bashing. » Sharon Raingold (GCI)