Un quartier qui donne le tournis
La Défense, qui s’étend sur 564 hectares, est le 4e quartier d’affaires au monde avec
salariés habitants
millions de mètres carrés de bureaux puis le déconfinement, le retour au bureau s’est déroulé de manière progressive, comme par paliers de décompression. Le schéma le plus classique : faire revenir les salariés début juin sur la base du volontariat à hauteur de 10 % seulement, puis à partir de juillet, augmenter la jauge et accueillir les salariés sur place deux à trois jours par semaine, le reste de la semaine se déroulant en télétravail. Aujourd’hui, le taux de présence souhaité dans une tour oscille entre 50 et 60 % de sa capacité, selon l’entreprise.
Depuis le 11 mai, l’affaire a souvent viré au cauchemar pour les patrons, coincés entre le « ce serait vraiment bien que nos salariés commencent à revenir » et le « imaginez un peu la catastrophe et le scandale s’il y avait un cluster dans notre tour… » Il a fallu s’adapter fissa aux nouvelles normes sanitaires : monter une usine à gaz de feuilles de présence à remplir par les managers. Échelonner les heures d’arrivée des salariés pour éviter un dangereux regroupement devant les ascenseurs le matin, dont le taux d’occupation a chuté parfois de 20 à 4 personnes (supposées se tourner le dos pendant le trajet). Organiser la prise de température à l’entrée de la tour et une distribution quotidienne de masques. Réserver des créneaux horaires pour déjeuner dans les restaurants d’entreprise. Inventer une sorte de « police du Covid », avec des agents vérifiant qu’un yaourt touché à la cantine ne peut être reposé sur le présentoir…
Ouvrir les fenêtres. «La reprise de l’activité montre que l’entreprise est un lieu de production, mais aussi un lieu de socialisation, assène Georges Siffredi, président de Paris La Défense. Le télétravail continuera de progresser mais ne peut pas devenir la norme. » Le président de l’établissement public le sait pertinemment, le virus qui menace l’existence même du quartier d’affaires porte un nom désormais très à la mode : le télétravail. Car, c’est d’ores et déjà acquis, rien ne sera plus comme avant. Toutes les sociétés, notamment les plus grandes, renégocient sur ce sujet avec leurs syndicats.