Hervé Temime ou l’art de ne rien dire
Le pénaliste cultive le goût du secret, auquel il consacre un livre stimulant.
Quand il parle de son métier, Hervé Temime file la métaphore alpine : « Défendre, c’est avoir à battre des montagnes avec un vent de face. » L’avocat de Bernard Tapie (et de Catherine Deneuve, de Gérard Depardieu, d’Alain Afflelou, on en passe…) ne craint pas, non plus, d’affronter l’air du temps. Prenez le secret. À la Bourse des valeurs, il subit une forte décote, comme la prescription ou le droit au respect de la vie privée. À l’ère de Snapchat, du parquet national financier (PNF), de la « sainte victime » triomphante et de l’appli StopCovid, il n’a pas bonne presse. Le pénaliste en fait l’éloge dans un livre stimulant coécrit avec MarieLaure Delorme, journaliste au Point (Secret défense, Gallimard). « Le droit de savoir n’a de sens que s’il y a interdiction de tout savoir », considère l’auteur. Qui voit rouge quand il entend le mot « transparence ».
« Le secret est entré très tôt dans ma vie », raconte-t-il. C’est chez lui « maladif », il y est « viscéralement attaché ». Il y voit un « droit », une « obligation morale » et « l’une de nos dernières libertés ». « Une des choses les plus graves que je pourrais commettre serait de violer un secret », jure l’avocat, qui en aurait reçu « un nombre extravagant ». Qu’il soit professionnel, médical, de l’instruction ou des délibérations – sans parler de l’alcôve et du confessionnal –, Temime le pare de toutes les vertus.
L’homme est pourtant bavard ; il n’est pas dénué d’ego, ne fuit pas la lumière et cultive sa notoriété, même s’il en « mesure la vanité » après quarante ans de barre. Assumant ses contradictions, il avoue : « Je parle sans cesse de mon métier, mais je sais parfaitement ce que je peux dire et ne pas dire. » Les journalistes en ont pris leur parti : Hervé Temime est un homme délicieux qui se referme comme une
« Le droit de savoir n’a de sens que s’il y a interdiction de tout savoir », considère Me Temime.