Montre : mon truc en plumes
Longtemps cantonné à un rôle fonctionnel, le bracelet de montre devient un élément de style à part entière.
Discret, cousu de cuir sombre ou taillé dans le métal, le bracelet de montre a longtemps joué les seconds rôles. Son apparition, en 1904, au poignet de l’aviateur Alberto Santos-Dumont, soucieux de lire l’heure en plein vol, permit de définir les caractéristiques de la montre masculine moderne. Réinventé grâce à une nouvelle génération d’horlogers en quête d’originalité, il profite de développements aussi approfondis que les calibres. Porté par les métiers d’art, un étonnant lien en plumes de coq entremêlées, cousu sur une fine base de cuir, en atteste : le bracelet dévoilé par Reservoir a gagné son statut d’acteur vedette.
Depuis sa création, en 2015, la marque française a su imposer à la fois son nom, son concept et son style. Son nom ? Un patronyme original, facilement mémorisable et prononçable dans toutes les langues. Son concept ? Un affichage singulier, avec heure sautante, minute rétrograde et indication linéaire de la réserve de marche, animé par un mouvement mécanique à remontage automatique, fabriqué en Suisse. Son style ? Des cadrans inspirés par le sport automobile, l’aéronautique ou la marine.
Mais le parti pris esthétique s’étend depuis peu sur toute la longueur avec une offre de bracelets… en plumes. Une idée atypique qui prolonge le caractère affirmé de la montre, sans trahir l’univers viril de la maison.
« Jouant sur les formats, les couleurs, les matières, la lanière a acquis une autonomie de style, confirme François-Marie Neycensas, associé et directeur marketing de la marque. Elle répond à une logique d’accessoirisation et de personnalisation appréciée des clients, qui changent ainsi à moindres frais l’aspect de leur garde-temps. » Si les matériaux composites, à l’instar du Kevlar, de la paracorde ou du Nomex, soulignant l’approche avant-gardiste des manufactures, font florès, le choix – en apparence plus traditionnel – d’un tressage de plumes de collet de coq brille par son originalité.
La fabrication est assurée par Maxime Leroy, la tête créative de l’atelier de plumasserie M. Marceau, bien connu pour ses réalisations graphiques et contemporaines dans le domaine de la haute couture et du design. Nécessitant une quinzaine d’heures de travail, la préparation se déroule en plusieurs étapes. « La première consiste à sélectionner les plumes selon leur taille et leur couleur. Viennent ensuite le séchage et l’encollage, deux phases cruciales pour leur maintien, avant d’entamer le tressage et les derniers gestes de finition », confie le maître d’art, qui honore le savoir-faire dans le respect de la convention de Washington (portant sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Et pour ceux qui s’inquiéteraient de la résistance au quotidien d’un tel ouvrage, l’artisan, passionné d’automobile, est formel : « Le tressage a été testé et approuvé sur la sellerie, le tableau de bord et les arêtes extérieures de la carrosserie de mon Autobianchi ancienne. Ni la pluie, ni les frottements, ni les griffures n’ont eu raison de cette matière naturelle légère, souple, robuste et hydrophobe. » Si le ramage se rapporte ainsi au plumage, ces bracelets offrent la preuve que la mue technologique n’a pas eu la peau des métiers d’art…
■
Porté par les métiers d’art, le bracelet dévoilé par Reservoir a gagné son statut d’acteur vedette.