Le Point

Affaire Mila : une défaite française

L’adolescent­e iséroise est menacée de mort et de viol pour avoir critiqué l’islam dans une vidéo. Condamnée au silence, elle a dû quitter son lycée public. Enquête.

- PAR NICOLAS BASTUCK

Mila en sirène, en femme fatale ou en garçon manqué. Mila avec des éclairs dans les yeux, crâne rasé ou coiffée d’une perruque, avec de grosses lunettes noires ou des paillettes sur les pommettes. Mila narcissiqu­e, provocante, ingénue, androgyne. Sur le compte Instagram de cette adolescent­e qui semble adorer se mettre en scène : des dessins, des photos, des clips, du maquillage artistique… Comment imaginer, en faisant défiler les images de sa « story », ce que vit depuis neuf mois cette jeune fille de 17 ans ? Visée par une fatwa numérique, elle est harcelée pour avoir osé critiquer en des termes très crus, dans une vidéo diffusée le 18 janvier sur Internet, l’islam et la religion. Chaque jour, menacée de mort, condamnée au silence et à une semi-réclusion, sous protection policière, elle est « constammen­t persécutée », selon ses parents.

Reconnue et agressée cet été sur l’île de Malte

Le 28 août, à la brigade de recherches de la gendarmeri­e de Vienne. Mila et sa mère sont venues déposer plainte après les menaces de mort dont la jeune Iséroise a une nouvelle fois été la cible, deux semaines plus tôt, à 2 500 kilomètres de là, sur l’île de Malte, où elle était en séjour linguistiq­ue. « Vous sentez-vous addict aux réseaux sociaux ? » lui demande l’enquêtrice à la fin de sa déposition. Elle reconnaît être « un peu accro, oui, depuis l’âge de 12 ans ». « Et ne pensez-vous pas que quitter tout ça pourrait vous faire du bien ? » suggère la gendarme. Elle : « Je l’ai déjà fait, mais ça me fait plus de mal qu’autre chose ; je me sens alors coupée de tout. J’aime savoir ce que font mes amis. Parfois, il y a des vagues d’insultes en continu, puis ça se calme. J’ai aussi beaucoup de soutien et ça me fait du bien. Rien que pour ça, je ne pourrais jamais m’en passer. » Pour sa sécurité, ses parents lui ont imposé une diète digitale. Elle n’est pas totalement déconnecté­e, mais ses comptes Instagram et Twitter sont bridés ; sur Snapchat, elle ne communique plus qu’en « privé ». Et la censure veille. Cet été, le proviseur de l’internat où elle est désormais scolarisée a repéré, sur ses comptes, des images humoristiq­ues sur l’islam et des photos d’elle en maillot de bain. « Le lycée a demandé à mes parents de faire enlever tout ça », raconte-t-elle. Elle s’est exécutée sans trop regimber.

Il n’y a personne, en revanche, pour surveiller ceux qui, tous les jours, planqués derrière leur écran, l’abreuvent d’insultes (« gouine », « salope », « sale pute », « chienne »…) et lui promettent de « mourir en enfer », de la « déshabille­r sur la place publique », de l’« enterrer vivante », de lui faire « avaler [s]es organes », de la « défigurer à l’acide après [l’] avoir violée dans une cave ». Et quelques amabilités du genre. Ils ne l’ont pas oubliée, ils ne ▪▪▪

« Quand ma génération va être adulte, je ne serai plus du tout en sécurité. C’est surtout ça qui me fait peur. » Mila, aux enquêteurs

▪▪▪ la lâcheront pas. Ils la harcèlent en meute, ils la suivent à la trace, ils la traquent. Alors, parfois, elle craque. « Je reçois tous les jours des menaces de mort, rapporte-t-elle à l’enquêtrice. Ça me fait du mal, ça me choque tellement que ça me rend malade. J’évite de trop y penser, mais j’ai peur pour ma sécurité. Quand ma génération va être adulte, je ne serai plus du tout en sécurité. C’est surtout ça qui me fait peur. »

Le 15 août, un des participan­ts du stage linguistiq­ue l’a repérée alors qu’elle dînait avec une copine. « Un garçon d’environ 20 ans, qui m’a demandé si j’étais Mila, raconte l’adolescent­e. J’ai répondu oui sans réfléchir. Alors, il a commencé à marmonner des insultes. Il m’a demandé si j’étais fière de ce que j’avais fait. Je lui ai répondu: “Oui, très fière même.” C’est là qu’il s’est mis à me menacer de mort et de viol. Ça ne me faisait pas rire, au fond, mais je rigolais pour lui montrer que ça ne m’atteignait pas. Alors, il a dit: “Que je ne te revoie pas, sinon je vais t’étrangler et violer ta mère!” Il jurait sur le Coran et sur Allah. Il m’a dit aussi qu’il allait révéler le lieu de mes vacances sur son compte Snapchat. Il s’est vanté d’avoir beaucoup d’abonnées et d’avoir été l’un des premiers à diffuser mon doxing [informatio­ns sur l’identité et la vie privée d’une personne, NDLR]. »

Mila a dénoncé les faits au directeur du centre et, sur ses recommanda­tions, a déposé plainte au bureau de la police locale. La justice maltaise n’a pas tergiversé. Elle informe l’ambassade et le dénommé Aïssa N. est arrêté à l’hôtel, où on lui passe les menottes avant de le traduire dans la foulée devant un tribunal, qui le condamne à un an d’emprisonne­ment avec sursis, avec interdicti­on d’entrer en contact avec sa victime.

Mila n’a plus entendu parler de lui, mais ses parents ont tenu à ce qu’elle porte plainte en France. « Si le mec est ici, il y a un risque. C’est surtout pour me protéger, car il peut très bien venir jusque chez moi pour se venger. Ou alors me faire du cyberharcè­lement. Il y a tellement de gens qui veulent ma mort, explique Mila à la gendarme à qui elle se confie. Parfois, je fais des cauchemars. Et je reste persuadée que je vais mourir en me faisant buter par un islamiste. » L’enquêtrice blêmit, alors elle la rassure : « Je me dis ça quand je suis fatiguée. Après, je ne vais pas mettre fin à mes jours, hein ! Mais c’est ce que je pense. »

Le 1er octobre, une condamnati­on à de la prison ferme

Puis la rentrée est arrivée. Mila a réintégré l’internat et sa classe de première, dans un établissem­ent sécurisé dont l’adresse est tenue secrète où, « dans son malheur », comme le dit sa mère, « elle se sent plutôt bien ». Elle y a été « mise à l’abri », loin du lycée Léonard-deVinci de Villefonta­ine d’où elle a été exfiltrée, après son « live » du 18 janvier sur Instagram, où elle s’en était prise vertement au Coran – nous y reviendron­s. Son ami Bruno, qu’elle a connu au collège, témoigne : «Même si Mila se sent bien là où elle se trouve, elle n’a pas choisi d’y être. Après son histoire, beaucoup de lycées ont refusé de l’accueillir par peur des représaill­es, et elle a fini par atterrir ici. Pour moi, c’est pas normal : c’est de la discrimina­tion. » Il ne l’a « jamais lâchée », tout le monde ne peut pas en dire autant. « Je ne suis pas forcément d’accord avec tout ce qu’elle a dit, mais elle avait le droit de le dire », estime le jeune homme du haut de ses 19 ans.

La rentrée est passée. L’épidémie de Covid-19 repartait de plus belle, on ne parlait plus tellement de Mila quand, le 12 septembre, un dénommé Kevin B., un jardinier de 23 ans – sous curatelle renforcée, employé avec le statut d’adulte handicapé dans un établissem­ent et service d’aide par le travail (les anciens CAT), dans le Gers –, publie quatre vidéos sur son « mur » Facebook. On le voit brandir un couteau et mimer un égorgement en débitant des insanités : « Mila, sale pute, c’est toi qui insultes les musulmans. On va t’égorger, on va t’enc…, comme ça t’es morte. On va te cramer, wallah ! Regarde un peu ce que je te fais [il fait glisser la lame sous sa gorge]. Ta mère la chienne ! » Dans un autre post, il tient son sexe à la main et éructe. Une collégienn­e est tombée sur l’un de ces clips sinistres ; elle a alerté sa mère, qui a prévenu les gendarmes. L’individu est vite iden

Le 15 août, sur l’île de Malte, où elle effectue un stage linguistiq­ue, un participan­t la reconnaît et la menace.

« Même si Mila se sent bien dans son internat, elle n’a pas choisi d’y être. »

Bruno, 19 ans, un ami fidèle

tifié, mais, comme le raconte Me Éric Mathias, qui représente­ra Mila et ses parents au procès qui va suivre, les pandores n’ont pas « percuté tout de suite ». En allant quérir l’homme au couteau à son domicile, ils ont fini par comprendre que la Mila qu’il pourfendai­t était la lycéenne dont la France entière avait parlé quelques mois plus tôt – ce que l’intéressé confirme quand on lui met sa photo sous le nez.

« Je voulais le faire depuis longtemps », raconte Kevin B. en garde à vue. Huit mois qu’il ruminait son coup. L’inquiétant paysagiste, dont la dangerosit­é (« très haute ») est inversemen­t proportion­nelle à l’intelligen­ce (« très limitée, avec des capacités d’élaboratio­n extrêmemen­t faibles et une pensée frustre », dira le psychiatre qui l’a examiné), est expédié en correction­nelle. Comparutio­n immédiate au tribunal d’Auch. Abandonné par sa mère à la naissance, de père inconnu, il s’est tricoté une identité qui ne correspond en rien à son récit familial, au demeurant chaotique. « Mon père était sénégalais, j’aurais dû être musulman mais je n’ai pas été élevé comme ça », regrette-t-il. Il n’empêche, quand il a vu, quelques jours plus tôt à la télé, « le Pakistanai­s » fondre sur deux personnes avec un hachoir, au pied de l’ancien immeuble de Charlie Hebdo, il a senti « des choses qui [lui] disaient de faire pareil ». « J’ai peur de le faire mais j’en ai très envie », bredouille-t-il à la barre. En guise de passage à l’acte, il s’est filmé et a égorgé virtuellem­ent Mila.

Jugé pour menaces de mort réitérées et exhibition sexuelle, il est « le clampin, la tête égarée, le bras armé des vrais artificier­s, ceux qui instillent comme un poison l’idée que la critique d’une religion s’entend comme de la haine à l’égard de ceux qui la pratiquent», plaide Me Mathias à l’audience du 1er octobre. Mila et ses parents sont absents mais ils se sont constitués partie civile. «On a le droit de dire du mal d’une religion sans vouer pour autant aux gémonies nos concitoyen­s musulmans, lesquels souffrent d’ailleurs de cet amalgame, de cette condescend­ance dans laquelle on les tient, ajoute l’avocat. Les promoteurs de cet amalgame, il faut les combattre, les dénoncer sans relâche ! » exhorte-t-il. Le tribunal n’a pas faibli, condamnant le jardinier au couteau à dix-huit mois de prison ferme et autant de sursis probatoire, avec mandat de dépôt à la barre. Le double des réquisitio­ns du procureur. «Quelque chose grandit en moi et je franchis des étapes dans l’agressivit­é », a encore dit Kevin B. au tribunal. On ne saura jamais si les juges ont été sensibles à la plaidoirie politique de Me Mathias ou si c’est le profil du prévenu, en effet très inquiétant, qui les ont conduits à se montrer si sévères.

« À ce moment de notre histoire collective, l’autorité judiciaire semble, enfin, avoir voulu marquer un coup d’arrêt, donner un coup de semonce, bref, agir et signifier à ceux qui seraient tentés de s’en prendre à Mila qu’ils ne bénéficier­ont plus d’aucune clémence, confiait Me Mathias, à la sortie de la salle d’audience. Comme beaucoup d’autres, “je suis Mila” et j’ai demandé au tribunal de signifier qu’il l’était aussi. Que cette juridictio­n prenne le contre-pied de son ancienne ministre est rassurant », ajoutait-il. Allusion acide à l’ancienne garde des Sceaux, Nicole Belloubet, qui, le 29 janvier, en pleine tempête, s’était pris les pieds dans le tapis en laissant entendre, toute agrégée de droit qu’elle est, que le blasphème était un délit : « L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience. C’est grave mais ça n’a pas à voir avec la menace », avait-elle déclaré sur Europe 1 – elle battra sa coulpe quelques jours plus tard, reconnaiss­ant une « maladresse ». Informée du jugement du tribunal d’Auch, Karine, la maman de Mila, s’en tient à un laconique « c’est déjà ça ». Sans doute est-elle encore sous le choc du petit mot que sa fille lui a adressé le matin même, juste avant le procès. « Je me sens dévastée, profondéme­nt détruite », écrivait Mila. « Ce qui me fait le plus ▪▪▪

▪▪▪ souffrir, c’est de voir que mes parents en paient aujourd’hui le prix. Personne ne sait à quel point je me sens mal. Et, pourtant, je ne regrette rien. J’ai du mal à me dire qu’il est possible d’aller de l’avant, à m’imaginer un avenir. Ils ne détruiront pas ma vie mais ils ont effacé la vie heureuse que j’avais, probableme­nt à jamais. Le pire, avec tout ce que j’entends et reçois autour de moi, c’est que je me dis que je sais pertinemme­nt comment je vais mourir. Avec du recul, je me dis que cette pensée est vraiment grave. »

Mila et « Charlie Hebdo » : « la même histoire »

Attablé dans un petit italien proche de la cour d’assises de Paris, où sont jugés les complices présumés des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier 2015, Me Richard Malka dit « avoir envie de pleurer à la lecture de ces mots qui prennent à la gorge». « Qui peut comprendre ce que vit cette gamine ? » se demande l’avocat de Charlie Hebdo, qui défend aussi Mila et ses parents, depuis que le ciel leur est tombé sur la tête. « La peur, l’hostilité, les violences verbales, les projecteur­s… Supporter tout cela déstabilis­erait le plus solide d’entre nous. Alors, vous imaginez, une gamine de 17 ans ! Pourtant, avec tout ce qu’elle a vécu, elle n’en démord pas, elle ne plie pas. Elle est d’une intégrité émouvante. » Il ne craint pas la comparaiso­n : « L’histoire de Mila est la même que celle de Charlie Hebdo, sur un plan politique et juridique, en tout cas, car, heureuseme­nt, les conséquenc­es ne sont pas les mêmes. Oui, elle blasphème, critique une croyance avec des mots très grossiers et considère, à juste titre, que c’est sa liberté de le faire. Lui dénier ce droit conduirait à détruire toute l’architectu­re de nos libertés. Si la liberté de blasphémer n’avait pas été reconnue, on considérer­ait toujours que la Terre est plate, que les névroses se soignent au fer rouge, que la femme est la moitié d’un homme et que l’homosexual­ité doit être punie de mort. Jamais, Mila ne franchit la ligne jaune, le parquet l’a d’ailleurs confirmé en considéran­t qu’elle n’avait proféré aucune injure, commis aucune infraction. À aucun moment, elle n’a manqué de respect à l’égard des personnes », ▪▪▪

« Où est la Ligue des droits de l’homme ? Où est le collectif #NousToutes ? » Me Richard Malka, l’avocat de Mila et de ses parents ainsi que de « Charlie Hebdo ».

▪▪▪ considère-t-il. Richard Malka pense qu’il est de la responsabi­lité de chaque parent de « prendre ses enfants en tête-à-tête pour leur expliquer ». « Il y a un combat à mener pour les valeurs démocratiq­ues, c’est la seule solution si nous voulons aider cette jeune fille. »

Le 18 janvier : la vidéo qui a tout déclenché

Ce n’est pas gagné… « Mila a perdu beaucoup d’amis, relate son copain Bruno. Après sa vidéo, beaucoup se sont détournés d’elle, considéran­t que dire des choses pareilles, ça ne se faisait pas. Moi-même, j’en ai subi les conséquenc­es. Certaines connaissan­ces me disent encore : “Ta copine est une connasse, elle mérite de crever.” C’est d’une violence inouïe. »

Jusqu’au 18 janvier dernier, Mila était libre comme l’air (« J’ai longtemps chanté sans savoir que j’avais des ailes », fredonne-t-elle dans l’une de ses chansons, dont elle écrit les paroles et la musique). L’insoucianc­e s’est envolée. Ce 18 janvier, donc, Mila lance un « live » sur Instagram. Elle n’y est pas vraiment à son avantage avec ses cheveux violets, se filmant dans un gros plan aux allures de miroir déformant. Voici ce qu’elle raconte à ses followers : «Une meuf de mon live me parlait de ses goûts pour certaines filles. Elle me disait juste que les rebeus [Arabes], elle ne les trouvait pas super belles. Elle a le droit. J’ai approuvé, je lui ai dit : “Ouais, les rebeus, c’est pas trop mon style non plus.” Un mec a commencé à s’exciter, à nous traiter de sales lesbiennes, de racistes, de tout ce que tu veux, les pires insultes que vous pouvez imaginer, s’agite-t-elle face à son portable. Ensuite, le sujet a commencé à déraper sur la religion. Moi, j’ai clairement dit ce que j’en pensais car la liberté d’expression, tu connais ? Je ne me suis pas gênée pour dire que je déteste la religion. Que le Coran est une religion de haine. L’islam, c’est de la merde, c’est ce que j’en pense, putain ! » Les premiers messages arrivent, puis c’est une déferlante. Peu lui chaut, Mila poursuit: «Je ne suis pas raciste, mais pas du tout ! On peut pas être raciste d’une religion. Y a des gens qui peuvent le penser, mais vous

êtes cons, putain de merde ! J’ai dit ce que j’en pensais, j’ai totalement le droit, je ne regrette pas du tout. Y a encore des gens qui vont s’exciter [c’est effectivem­ent le cas, son compte est maintenant saturé de messages assassins], j’en ai clairement rien à foutre ! Je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c’est de la merde, votre dieu, je lui mets un doigt dans le trou du c…. Merci. Au revoir. » Avant de couper le son, elle précise : « Pardon, je passe pour une grosse conne, j’ai dit que le Coran était une religion de haine. Je voulais dire l’islam est une religion de haine. »

Puis elle coupe. La vidéo est vue plus de 1 million de fois et enflamme les réseaux. Son compte est piraté, son identité et son adresse jetées en pâture. Les autorités s’affolent. Mila est priée de ne plus aller au lycée, où elle ne remettra les pieds que pour y récupérer ses affaires, flanquée d’une escorte policière. Elle sera privée de cours durant plusieurs semaines (lire p. 60 et 61).

Le 23 janvier, le parquet de Vienne ouvre deux enquêtes

L’une pour « incitation à la haine raciale », dirigée contre elle et rapidement classée ; une autre pour « menaces de mort ». Quatre mineurs, scolarisés dans d’autres établissem­ents que le sien, sont interpellé­s. L’un d’eux, originaire de Besançon (Doubs) et âgé de 16 ans, reconnaît avoir diffusé les données personnell­es de la jeune fille ; il est mis en examen le 21 février pour recel de vol, harcèlemen­t électroniq­ue et usage de données d’identifica­tion d’autrui. Deux autres, âgés de 17 ans, natifs de l’Isère et du Rhône, sont mis en examen le 10 juin pour vol et recel de vol de données informatiq­ues. Un individu qui avait proféré des menaces est arrêté près de Grenoble (Isère). Tous sont placés sous contrôle judiciaire.

L’un d’entre eux a même déclaré « assumer totalement » ses faits et gestes. Il estime ainsi avoir « fait le boulot que les juges ou la police ne font pas… ou trop lentement ». Sur Internet, on peut le voir, bravache, des écouteurs dans les oreilles, affirmer en sortant du cabinet du juge : «J’réponds vite fait aux messages, j’en ai reçu des dizaines, des centaines, ça fait plaisir (…). La vie d’ma mère, c’est carré. Bref, pour vous dire que faut pas s’inquiéter, j’suis carré, j’suis tranquille. Retour en force bientôt ! »▪▪▪

« Ériger une adolescent­e qui manque de respect en parangon de la liberté d’expression ? Sûrement pas. »

Ségolène Royal, sur France 3, le 2 février.

« L’insulte à la religion, c’est évidemment une attaque à la liberté de conscience. »

Nicole Belloubet, alors garde des Sceaux, le 29 janvier, sur Europe 1. Quelques jours plus tard, elle fera son mea culpa.

Un individu qui la menace estime avoir « fait le boulot que les juges ou la police ne font pas… ou trop lentement ».

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Le 3 février dernier, Mila répond à Yann Barthès dans l’émission « Quotidien », sur TMC.
Responsabl­e. Le 3 février dernier, Mila répond à Yann Barthès dans l’émission « Quotidien », sur TMC.
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« Contre-pied ». En condamnant, il y a une quinzaine de jours, à Auch, Kevin B., qui avait mimé un égorgement dans des vidéos publiées sur Facebook, « l’autorité judiciaire semble, enfin, avoir voulu marquer un coup d’arrêt », veut croire Me Mathias, qui représenta­it Mila.
 ??  ?? Déferlante. Propos homophobes et menaces de mort : les détracteur­s de Mila se déchaînent sur le Web.
Déferlante. Propos homophobes et menaces de mort : les détracteur­s de Mila se déchaînent sur le Web.
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En première ligne. Les nombreux internaute­s qui soutiennen­t la jeune fille se mobilisent.
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