Du mont Rushmore aux deepfakes
C’est un dessin qui rend hommage au Mémorial national du mont Rushmore, une sculpture de granit monumentale située dans l’État du Dakota du Sud aux États-Unis, et qui, haute de 18 mètres, représente de gauche à droite les anciens présidents américains George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt ou encore Abraham Lincoln. Sauf qu’à la place de Theodore Roosevelt on retrouve… Mark Zuckerberg ! Dessiné par Mats Carduner – l’ancien président de Google France, aujourd’hui à la tête de l’agence digitale Fifty-Five – pour Le Point, et scénarisé par Patrick Kerven, un de ses collègues de longue date, il vise à montrer les phénomènes de cristallisation d’opinions en cours qui pourraient jouer sur la prochaine élection américaine. « Les filter bubbles, qui font que bien souvent, dans les réseaux sociaux, on finit par ne plus parler qu’avec des gens d’accord avec soi, représentent une mise en danger de la démocratie », analyse Mats Carduner. Certes, les réseaux sociaux ont pris la mesure de l’enjeu. Facebook, qui mobilise
35 000 personnes pour l’occasion, vient ainsi de supprimer plusieurs dizaines de milliers de pages liées à la mouvance conspirationniste QAnon. Mais d’autres dangers guettent, comme les deepfakes, ces vidéos truquées plus vraies que nature qui, traquées par l’entreprise américaine Creopoint, pourraient agir comme une bombe à retardement dans le scrutin américain. Car, comme l’explique Olivier Babeau, le directeur du think tank Institut Sapiens et auteur du Nouveau Désordre numérique
(éd. Buchet/Chastel), « ceux qui essaient d’apporter un peu de raison et d’apaisement dans le flux de messages où dominent l’émotion et les expressions excessives rencontrent encore beaucoup trop de difficultés »
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