BPI Entreprises 1 : le « private equity » pour tous !
C’est du jamais-vu dans le domaine de l’épargne et des investissements : Bpifrance Investissement, la société de gestion de la banque publique d’investissement, a cédé les participations qu’elle détient dans des fonds de capital-investissement en actions non cotées pour les offrir au public. Concrètement, « nous avons prélevé une tranche de 5 % dans les 145 fonds de private equity (actions non cotées), gérés par 80 sociétés de gestion dans lesquelles nous avons investi. Cela représente un panel très diversifié de 1 500 entreprises, françaises à 79 % », explique Benjamin Paternot, directeur exécutif chez Bpifrance. L’opération prend la forme d’un FCPR (fonds commun de placement à risque) qui pourra être proposé par tous les conseillers et établissements financiers. Et contrairement aux pratiques habituelles, qui réservent ce type d’investissement aux détenteurs de gros patrimoines, le fonds Bpifrance Entreprises 1 est accessible à partir de 5 000 euros seulement. « C’est un montant qui permet d’ouvrir ce type de fonds au grand public, sans pour autant attirer des personnes pour lesquelles cet investissement n’est pas indiqué », indique Xavier Anthonioz, président de 123 IM, la société de capital-risque chargée de la distribution. Et pour cause : ce fonds, comme l’ensemble des FCPR, est un produit qui affiche un niveau de risque de 7, soit le maximum de l’échelle. Il est aussi sans liquidités permanentes : les capitaux devront rester investis pendant six ou sept ans, jusqu’à ce que le fonds soit clôturé au plus tard en 2027. Destiné à inciter les Français à investir dans les petites entreprises, souvent innovantes, et poussé par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, ce fonds permettra donc aux épargnants-investisseurs d’accéder, avec une mise limitée, à un portefeuille très largement diversifié. Habituellement, un FCPR s’appuie sur dix à vingt entreprises seulement, pour un ticket d’entrée de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et un blocage des fonds pendant une dizaine d’années.
Mieux : selon ses promoteurs, ce fonds devrait délivrer une performance annuelle de 5 à 7 %, nets de frais. Certains professionnels estiment qu’il s’agit d’une prévision très prudente et, qu’en raison de la nature du portefeuille, les résultats pourraient être bien supérieurs. Pour y parvenir, « Bpifrance a construit le fonds autour des fonds français auxquels elle a souscrit entre 2005 et 2016, et qui comprennent donc une bonne part d’entreprises matures », poursuit Benjamin Paternot, soit avec un niveau de risque inférieur aux produits de ce type qui misent sur des jeunes pousses susceptibles de ne pas tenir leurs promesses.
Les frais à l’entrée sont plafonnés à 1,04 % (0 % en cas de souscription en ligne), mais les frais de gestion totaux, y compris ceux des fonds, sont plus lourds, à 3,92 % par an.
« C’est cher, en raison du format “fonds de fonds” », relève Nicolas Decaudain, fondateur du site Avenuedesinvestisseurs.fr. Le fonds sera disponible en comptes-titres, en assurance-vie, ou dans le PEA-PME. « Il est déjà proposé chez les conseillers indépendants, mais il faudra attendre encore quelques semaines pour qu’il figure dans les grands établissements bancaires et les plateformes d’assurance-vie », prévient Xavier Anthonioz. Rien ne presse : la clôture du fonds est prévue pour septembre 2021, sauf s’il lève plus tôt les 95 millions d’euros attendus. En cas de succès, Bpifrance pourra procéder à une seconde tranche. La banque réinvestira les sommes levées sur de nouveaux dossiers ■