Le Point

Auto : Gordon Murray T.50

Gordon Murray remet le concept de « supercar » sur le métier avec une T.50 visant à procurer l’expérience de conduite ultime.

- PAR YVES MAROSELLI

Entrée dans la légende pour avoir remporté les 24 Heures du Mans dès sa première participat­ion, en 1995, la McLaren F1 vient de trouver l’une de ses dignes descendant­es dans la GM T.50. « GM » comme Gordon Murray, célèbre ingénieur automobile qui, après une carrière en Formule 1 couronnée de multiples succès, a conçu la première McLaren de route en 1992, la fameuse F1. Presque trente ans plus tard, c’est sous son nom qu’il lance la T.50, nouvelle supercar qui pourrait être présentée comme la version optimisée de la F1, dont elle reprend les principes fondateurs : quête obsessionn­elle de la légèreté, habitacle à 3 places et poste de conduite central, moteur V12 atmosphéri­que (sans turbo) pour la musicalité.

Les progrès sont spectacula­ires : le poids a été réduit de 1 140 à 980 kilos, une évolution d’autant plus impression­nante que la T.50 (L x l x h : 4,35 x 1,85 x 1,16 m) est un peu plus grande que la F1 (4,29 x 1,82 x 1,14 m). L’allègement touche tous les éléments de la voiture, de la coque en fibre de carbone au pédalier en titane, en passant par la mécanique, bien sûr. Ainsi, l’ensemble moteur-boîte de vitesses pèse 75 kilos de moins que pour la McLaren. Et, alors que le V12 conçu par Cosworth pour la T.50 est d’une cylindrée nettement inférieure à celle du bloc que BMW fournissai­t à McLaren – 3,9 litres, au lieu de 6,1 –, il se montre pourtant encore plus puissant : 663 ch, contre 627. Ce résultat a notamment pu être obtenu grâce à un registre de régime beaucoup plus étendu. Le V12 de la T.50 peut rugir jusqu’à 12 100 tours-minute, un record pour une voiture de route qui lui garantit une tessiture digne d’une authentiqu­e mécanique de course.

Innovante, la T.50 l’est tout particuliè­rement sur le plan aérodynami­que. Reprenant le principe qu’il avait défriché dès 1978 sur la Brabham BT46B de F1 – appelée « aspirateur » –, Gordon Murray l’a dotée d’un imposant ventilateu­r arrière permettant de la plaquer au sol par dépression sans qu’il soit nécessaire d’utiliser d’aileron disgracieu­x. Selon le mode choisi, ce système peut aussi être utilisé pour réduire la traînée en supprimant les turbulence­s générées à l’arrière, au bénéfice de la consommati­on et de la vitesse de pointe, ou, en cas de freinage d’urgence, pour raccourcir jusqu’à 10 m la distance d’arrêt depuis une vitesse de 240 km/h – sur Autobahn non limitée, bien entendu.

Mais s’il est un domaine dans lequel la T.50 n’innove pas, c’est bien celui des commandes, comme l’illustre le choix d’une désuète boîte manuelle imposant de débrayer au passage de chaque rapport, au détriment des performanc­es, mais qui contraint le conducteur à un engagement maximal. De même, si la T.50 dispose, contrairem­ent à la McLaren, d’une assistance de direction (électrique) pour faciliter les manoeuvres, elle n’est active qu’à très faible allure puis débrayée lorsque la vitesse augmente, afin de garantir les sensations de conduite les plus pures. Le prix de la T.50, dont la production sera limitée à 100 exemplaire­s (tous vendus), a été fixé à 2,6 millions d’euros HT (3,12 millions TTC). Les livraisons devraient commencer début 2022, trente ans après celles de la McLaren F1

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Grâce à un astucieux système utilisant un ventilateu­r, la GM T.50 n’a pas besoin d’aileron disgracieu­x pour être plaquée au sol.

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