Vannes, le nouveau « Cannes breton » ?
La perle du golfe du Morbihan attire de plus en plus. Attention au trop-plein !
«Quand je vais au travail et que je vois toutes ces constructions, je me demande chaque jour ce que Vannes va devenir et si on va rester une petite ville », s’interroge avec un brin d’angoisse Catherine, 58 ans, employée dans le tertiaire et Vannetaise de longue date. La cité des Vénètes serait-elle victime de son succès ? Frénésie immobilière sur l’ensemble de l’agglomération – avec des appartements et des maisons qui partent comme des petits pains et dont les prix sont montés en flèche –, mouvement général des habitants des grandes métropoles désireux de retrouver une certaine qualité de vie et des cités à taille humaine : la perle du golfe du Morbihan est plus que jamais dans la mire des candidats à l’exil. Selon un sondage OpinionWay pour l’Officiel du déménagement daté de mai dernier, elle constituerait le troisième choix des Français (derrière Aix-en- Provence et Bordeaux) pour changer de latitude. Il est vrai que l’agglomération ne manque pas d’atouts : douceur du climat, riche patrimoine historique, splendeurs naturelles du golfe – et un dynamisme économique et culturel qui ne faiblit pas. Et, si l’on a pu penser il y a quelques années que Vannes était avant tout une ville de retraités, les choses ont sensiblement changé.
« On accueille beaucoup d’actifs et de familles, insiste David Robo, maire (DVD) de Vannes et successeur de François Goulard depuis 2014. La meilleure preuve en est les effectifs des écoles, qui augmentent, et les places en centres de loisirs, qui sont passées de 240 à 418 en quinze ans. »
Tensions. Le premier magistrat évoque également un tissu bien fourni de PME et de TPE et des manifestations culturelles reconnues – Livr’à Vannes, le troisième Salon du livre de l’Hexagone par sa fréquentation, Jazz en ville… – qui agissent comme autant d’aimants pour les plus jeunes générations.
« Toutes les semaines, nous cédons des terrains pour l’implantation ou l’agrandissement d’entreprises », indique David Robo, également président de l’agglomération.
Avec 7 200 habitants supplémentaires entre 2012 et 2019 dans une agglomération qui en compte 168 350, dont 53 350 dans la villecentre, les chiffres parlent d’euxmêmes. Et font le bonheur des commerçants, même si ce n’est pas sans tensions entre le centre historique et le quartier du port, qui a vu sa fréquentation exploser ces dernières années.
Cette forte attractivité ne date pas d’aujourd’hui. Mais elle
Vannes constituerait le troisième choix des Français candidats à l’exil.
a basculé dans une autre dimension avec la mise en service de la ligne LGV en 2017, à laquelle s’ajoute aujourd’hui les effets de la crise sanitaire.
« La LGV, qui a mis Vannes à deux heures trente de Paris, a beaucoup accéléré ce phénomène, confirme Me Jean Mériadec Hénaff, notaire à Vannes. Mais on voit aussi depuis le confinement de nouveaux arrivants, qui ont avancé leur projet déjà dans les cartons. »
Très forte spéculation. Cependant, cette dynamique ne va pas sans inconvénients. À commencer par les embouteillages permanents et un centre-ville congestionné. Ce dont convient volontiers David Robo, pour qui les questions de mobilité seront le grand enjeu du présent mandat. Dominique Allain Le Forestier, militant (non élu) engagé à gauche dans les dernières municipales, pointe de son côté une très forte spéculation qui fait flamber le marché de l’immobilier et transforme la sociologie locale, avec notamment le phénomène Airbnb.
« La ville a été vendue aux promoteurs et aux professionnels du tourisme », assène t-il, craignant qu’elle ne perde son identité en voulant se transformer en une sorte de « Cannes breton » §