Le Point

Du sang neuf pour Cahors

La préfecture du Lot a fait de sa petite taille un atout.

- PAR STÉPHANE THÉPOT

«Ici, nous n’avons pas de gros problème de pollution, d’embouteill­ages ou de sécurité », vante le maire de Cahors. Réélu sans difficulté pour un troisième mandat, Jean-Marc VayssouzeF­aure (PS) se démène pour capter une partie de ces 11 000 personnes qui ont fui les grandes métropoles dès l’annonce du confinemen­t pour se réfugier dans le Lot (chiffres Insee, sur la base des relevés de téléphonie mobile Orange). Un afflux qui représente la moitié de la population de la plus grande ville du départemen­t (20 000 habitants). L’édile veut croire que la taille modeste de sa ville est désormais un atout. « Contrairem­ent à Montauban ou à Brive, la ville est coincée dans son méandre et n’a pas pu s’étendre », explique-t-il. Cernée de falaises calcaires comme autant de remparts naturels, la préfecture du départemen­t est blottie, comme dans un écrin, dans une majestueus­e courbe du Lot. Si cette image de carte postale ravit les touristes qui naviguent l’été sous le pont Valentré, la population stagnait depuis une cinquantai­ne d’années. Mais, avant même l’irruption du Covid, JeanMarc Vayssouze-Faure pense avoir décelé un premier frémisseme­nt positif : le dernier recensemen­t intermédia­ire fait état d’une augmentati­on de 473 habitants.

Le maire de Cahors pense dur comme fer que la généralisa­tion du télétravai­l peut attirer du sang neuf dans sa ville : « On a tous les services d’une grande ville. » Il rappelle volontiers que l’hôpital de Cahors, qui n’a jamais été débordé pendant le confinemen­t, a reçu quelques malades du Grand Est. La ville offre même, depuis

l’an dernier, la gratuité du service de bus qui dessert les 36 communes de son aire urbaine. Le Grand Cahors s’étend jusqu’au célèbre village perché de Saint-CirqLapopi­e, qui attire des milliers de touristes chaque année. Les petites communes autour de la préfecture pèsent désormais davantage que la ville-centre dans la balance démographi­que de l’agglomérat­ion (44 000 habitants). C’est la raison pour laquelle Jean-Marc Vayssouze-Faure, qui préside également le Grand Cahors, juge nécessaire de muscler son coeur de ville. « Nous allons aussi mettre l’accent sur quelques noyaux villageois », annonce-t-il, soucieux de lutter contre le mitage, ces constructi­ons de maisons neuves isolées dans les campagnes. Le phénomène est particuliè­rement sensible aux abords de Lalbenque, connu pour son marché aux truffes hivernal du mardi… et son échangeur sur l’autoroute A20, qui permet de rallier Toulouse en une heure et quart.

Les agences immobilièr­es de Cahors affichent en vitrine de grandes maisons en pierres traditionn­elles du Causse. « On a une nouvelle clientèle d’expatriés qui s’intéresse à ces produits pour développer de l’agrotouris­me dans un rayon d’une vingtaine de minutes de la ville », dit le fondateur d’un cabinet immobilier spécialisé dans ces belles demeures du Quercy. « On avait surtout une clientèle de jeunes retraités, mais on commence à voir quelques familles toulousain­es, attirées par le prix de l’immobilier et tentées par le travail pendulaire », confirme un notaire qui a pignon sur rue à Cahors. Avec un argument imparable : « Pour le prix d’un petit appartemen­t à Toulouse, ils ont une grande maison avec piscine. »

Secteur sauvegardé. Paradoxale­ment, l’Insee a recensé plus de 1 700 logements vacants à Cahors en 2017, soit 13 % du parc. « Nous avons rénové jusqu’à 600 logements anciens », assure Jean-Marc Vayssouze-Faure. Tout le centre médiéval de la ville est classé secteur sauvegardé par la loi Malraux. Les façades sont préservées, mais les appartemen­ts manquent souvent cruellemen­t de lumière naturelle. « L’architecte des Bâtiments de France interdit les baies vitrées mais autorise la constructi­on d’immeubles neufs à deux pas du pont Valentré », s’étonne le notaire. De son côté, le maire mise sur les abords du pont emblématiq­ue de la ville, désormais interdit aux voitures, pour « reconstrui­re la ville sur la ville ». À deux pas de la gare, le quartier s’offre une nouvelle jeunesse. Une agence de la ville propose un T3 en duplex au dernier étage d’un immeuble « haussmanie­n » doté d’un ascenseur, « avec vue exceptionn­elle sur le pont Valentré », pour 145 000 euros ■

 ??  ?? Élan. Le marché, au pied de la cathedrale Saint-Étienne. « On a tous les services d’une grande ville », assure le maire, Jean-Marc Vayssouze- Faure.
Élan. Le marché, au pied de la cathedrale Saint-Étienne. « On a tous les services d’une grande ville », assure le maire, Jean-Marc Vayssouze- Faure.

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