Le Point

Vivre en Creuse et visiter le Louvre

Conçues par la Villette, les MicroFolie­s proposent plus de 1 200 chefsd’oeuvre via un musée numérique.

- PAR VALÉRIE PEIFFER

Admirer La Joconde comme si vous étiez au Louvre, vous balader dans les jardins du château de Versailles, assister à une représenta­tion d’Antigone dans la Cour d’honneur du palais des Papes à Avignon, voir Le Lac des cygnes ou écouter le Rigoletto donné à Garnier ou à Bastille, alors même que vous êtes à La Souterrain­e, une petite ville de 5000 habitants dans la Creuse, à Grenay dans le Pas-de

Calais, ou encore à Saint-Raphaël dans le Var… C’est désormais possible grâce aux Micro-Folies. Imaginées par Didier Fusillier, président du parc et de la Grande Halle de la Villette, les Micro-Folies sont un outil culturel d’un nouveau genre, réunissant plus de 1 200 chefs-d’oeuvre de 12 grandes institutio­ns nationales et de 28 musées régionaux, sans oublier ceux des plus beaux châteaux d’Europe. Ce musée numérique est infini et permet aux visiteurs de découvrir les images des oeuvres en haute définition sur un écran géant. Mais aussi, s’ils le désirent, de passer d’une oeuvre à une autre en un seul clic, sur une tablette individuel­le. Les tableaux, ballets, opéras et pièces de théâtre sont bien sûr commentés par les conservate­urs des établissem­ents d’origine. Chacun peut donc suivre sa propre navigation. « Et si cela ne remplace pas la visite au musée ou la sortie à l’opéra, cela permet d’entrer en contact avec les oeuvres dans de très bonnes conditions, avec, à la clé, la volonté de donner envie d’aller voir », souligne Didier Fusillier.

Micro-festivals. Car l’objectif est clair : « Il est question de permettre un accès à la culture pour tous, d’amener le beau partout jusque dans les plus petits villages, mais aussi de sensibilis­er aux pratiques artistique­s et de faire des habitants des acteurs de la vie culturelle », explique Didier Fusillier. Car les Micro-Folies ne sont pas seulement un musée virtuel, ce sont aussi des modules adaptés au lieu où elles s’installent. Certaines se couplent avec un café, d’autres s’offrent dans une salle de spectacle, un « fab lab » ou un espace de réalité virtuelle avec des contenus immersifs à 360° (des visites, des documentai­res ou des spectacles…). « L’idée est de s’adapter au territoire et au lieu dans lesquels prend place la Micro-Folie », souligne l’une des

« Sensibilis­er aux pratiques artistique­s et faire des habitants des acteurs de la vie culturelle. » Didier Fusillier

chefs de projet qui aident les territoire­s à accueillir une Micro-Folie.

Depuis la première, qui s’est ouverte à Sevran dans le quartier populaire des Beaudottes en 2017, les Micro-Folies se développen­t dans toute la France. On en dénombre aujourd’hui 106, et l’objectif est d’en avoir 200 à la fin de l’année. L’ancien ministre de la Culture Franck Riester ambitionna­it d’en installer 1 000 d’ici à 2022. Cofinancée­s

par le ministère de la Culture et celui de la Cohésion des territoire­s, ces entités modulables ont largement de quoi séduire.

Proposer une offre culturelle de grande qualité et de proximité accessible à tous, les villes moyennes en rêvaient. Or ouvrir un musée ou un espace dédié à la culture coûte très cher et n’est pas à la portée de toutes les villes. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à frapper à la porte de la Villette pour obtenir leur Micro-Folie. Il est vrai que le musée numérique, avec son écran géant et ses tablettes, se monte et se démonte rapidement. Et il s’installe aussi bien dans un cinéma, une médiathèqu­e, un centre social, un ancien commerce que dans un bâtiment industriel désaffecté ou encore dans une chapelle désacralis­ée Les avantages de la Micro-Folie sont nombreux : cet objet culturel bouscule l’accès à la culture, mais aussi les pratiques des lieux qui les accueillen­t. « Développer une Micro-Folie permet de rejoindre un réseau d’acteurs et de partenaire­s venant de la France entière, explique Grégory Celo, qui dirige la Maison Jacques-Prévert à Dieppe, dans laquelle il a monté une Micro-Folie. Cela nous a permis de mettre en place des résidences d’artistes et d’accueillir des micro-festivals. Cela a entraîné de nouveaux projets et nous a donné l’opportunit­é de toucher un nouveau public. » Les Micro-Folies ont de beaux jours devant elles et devraient continuer de séduire les villes petites et moyennes en mal de culture… ■

 ??  ?? Immersion. Projection du « Tricheur à l’as de carreau », de Georges de La Tour, exposé au Louvre, dans une chapelle désacralis­ée, à La Souterrain­e, petite ville de la Creuse.
Immersion. Projection du « Tricheur à l’as de carreau », de Georges de La Tour, exposé au Louvre, dans une chapelle désacralis­ée, à La Souterrain­e, petite ville de la Creuse.
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