La chronique de Patrick Besson
La rue de Rivoli sans voitures comme sur les photos de Paris pendant l’Occupation.
* Sainte-Clotilde fait la fière, derrière l’Assemblée nationale, avec ses deux tours pointues. *
Fêter nos noces de coton – de cocon – dans la suite d’un cinq-étoiles parisien. Il y avait aussi la rando masquée dans les Cévennes mais on n’a pas hésité longtemps.
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Ces trop grands lits pour couples échangistes.
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Le rond parfait de l’oeuf sur le plat du petit déjeuner.
* L’automne chanté d’une voix forte par les arbres rouges du jardin des Tuileries.
* L’inutilité des doubles fenêtres, maintenant que la rue de Rivoli est aussi silencieuse que la cour d’un couvent où les moines et les nonnes auraient le droit de faire du vélo.
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La silhouette du Louvre, la nuit, semble être celle de Belphégor.
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La suite Dalí tirée au sort par Marc-Édouard Nabe le 31 décembre 1989, lors du célèbre réveillon « Dix ans pour rire ? Les années 80 », et dans laquelle nous avons tous fini la nuit tandis qu’AnneSophie était endormie dans les draps de ses 6 ans, à La Motte-Picquet.
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Le désordre de ses cheveux blonds dans le carré de son oreiller blanc.
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La tour Montparnasse : le doigt d’honneur du 14e arrondissement au reste de Paris.
* Pendant la nuit, je reçois de l’écrivain franco-israélien Marco Koskas les images d’une manif nocturne des habitants de Tel-Aviv contre leur confinement imposé par Benyamin Netanyahou.
* L’avant-dernière chaîne de télé est kurde, la dernière irakienne. On trouve l’Iran sur le canal 298. Quand reverra-t-on un touriste iranien dans un palace parisien ? La présentatrice du JT ne porte ni voile ni masque. C’est une jolie brune aux cheveux mi-longs, en tailleur bleu ciel. Une chaîne sport palestinienne, mais aucune chaîne culturelle israélienne. Ni télé serbe ni télé thaïe. Du coup, avons éteint les deux postes : celui du salon et celui de la chambre.
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Je m’ennuie autant dans une baignoire que dans une piscine.
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La délicatesse du Meurice : au contraire des autres palaces, ne multiplie pas les miroirs où les riches constatent qu’ils sont vieux et moches.
* Première fois qu’une femme me demande si le bruit d’un sèche-cheveux dérangera ma lecture.
* Faisons un saut au Louvre, comme naguère Julien Green : joie d’avant la Pyramide industrielle, retrouvée avec la pandémie. Maigres attroupements de touristes devant le Sacre de Napoléon, La Cène et bien sûr La Joconde. Des jeunes filles en crop top se font photographier devant le tableau de Vinci. Pour montrer la photo à leur proviseur ?
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La rue de Rivoli sans voitures comme sur les photos de Paris pendant l’Occupation.