Le Point

Emmanuel Macron, le commandant Couche-tôt, par Sébastien Le Fol

- PAR SÉBASTIEN LE FOL

Y a-t-il une mauvaise nouvelle qu’Emmanuel Macron n’ait pas annoncée aux Français depuis le début de son quinquenna­t ? Depuis l’épisode des Gilets jaunes, ses prises de parole n’augurent rien de joyeux. Le confinemen­t du pays ? Déjà fait. Le couvrefeu sur tout le territoire ? Instauré sur les trois quarts de ce dernier. Un second confinemen­t avant Noël ? Pas exclu. Imaginait-il, ce jeune président si enthousias­te, prononcer un soir lugubre l’éloge d’un professeur d’histoire-géographie décapité par un islamiste ? « Paradoxale­ment, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique », avait-il confié en 2018 à la Nouvelle Revue française (NRF). À cette heure où sonne le glas, il devrait donc déborder d’optimisme. Voire… Certains invoquent l’Ecclésiast­e : « Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant. » Macron avait placé sa campagne sous le signe de l’espérance. Les Français n’ont jamais eu aussi peur : pour leur santé, leur sécurité, leur emploi. En 2008, alors inspecteur des Finances, il signait un rapport sur l’équité intergénér­ationnelle, dans lequel il démontrait que le système français favorisait les seniors. Douze ans plus tard, il reconnaît que « jamais tant de sacrifices n’avaient été demandés aux jeunes ». Au Point, il affirmait « croire en la reconstruc­tion d’un héroïsme politique, d’une vraie ambition, pour atteindre y compris ce qui est décrit comme impossible ».

Il intervient désormais à la télévision pour conseiller aux Français d’aérer leur logement pendant dix minutes, trois fois par jour. Tout président qu’il soit, il ne peut rien contre la pandémie et subit de plein fouet le terrorisme. L’absolutism­e inefficace, selon Jean-François Revel, dans sa version 2020. Il lui reste seize mois pour se remettre en marche et déconfiner le pays. Il voulait une

« révolution ». Il va devoir s’employer à conserver nos fondamenta­ux qui résistent au tremblemen­t de terre. Certains Français disaient que « Hollande portait la poisse ». Macron rimera-t-il à leurs yeux avec « malédictio­n » ? Nicolas Sarkozy voulait incarner « la France qui se lève tôt ». Macron, lui, envoie la France se coucher tôt : elle fait des cauchemars. Tragique est la nuit

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