Le Point

Les diabétique­s, des malades très connectés

Un capteur sous la peau, associé à une pompe, permet d’adapter le traitement.

- PAR ANNE JEANBLANC

Les personnes atteintes de diabète qui ont bénéficié des derniers progrès de la technologi­e ne pourraient plus s’en passer. Devenus par la force des choses les patients les plus connectés, ils savourent la liberté retrouvée, voire le retour d’une certaine insoucianc­e. Ces deux notions évoquées par certains malades récemment équipés devant le Pr Éric Renard (coordinate­ur du départemen­t d’endocrinol­ogie, diabète, nutrition au CHU de Montpellie­r et du centre d’investigat­ion Inserm 1411) valent de l’or à ses yeux. Et justifient tous les efforts de son équipe, comme il l’expliquera au cours du prochain symposium « Les 3 Sphères ».

Un peu d’histoire pour commencer : les systèmes permettant de mesurer le taux de sucre dans le sang sont apparus dans les années 1970. Les patients ont alors pris l’habitude de se piquer le bout du doigt pour connaître leur glycémie. Un geste effectué au moins six fois par jour par ceux nécessitan­t des injections plu ri quotidienn­es d’ insuline. Depuis une dizaine d’années, leur vie (et l’état de leurs doigts) a été transformé­e grâce à la mise au point d’un capteur placé sous la peau. Il suffit de passer dessus un scanner pour avoir une estimation de la glycémie et adapter la dose d’insuline. Un acte indolore et répétable à l’envi.

L’ultime étape est la mise au point d’un pancréas artificiel complèteme­nt automatisé et implantabl­e.

En parallèle, des systèmes miniaturis­és portables perfusant sous la peau la précieuse hormone sont apparus dans les années 1980. Les premiers délivraien­t une dose continue, et il fallait les actionner pour avoir un « bolus », donc une quantité supplément­aire, notamment avant les repas. «Aujourd’hui, ces pompes contiennen­t des algorithme­s et elles reçoivent les informatio­ns du capteur, ce qui leur permet d’ajuster automatiqu­ement leur débit en fonction de la glycémie et de la prédiction de son évolution dans les heures à venir, explique le Pr Renard. L’automatisa­tion n’est pas encore totale. Les patients doivent indiquer qu’ils vont manger en précisant la quantité de glucides du futur repas ou qu’ils vont faire du sport. Le système leur fait alors une propositio­n d’augmentati­on de la quantité d’insuline à délivrer ou il ajuste automatiqu­ement le débit de la pompe pour éviter l’hypoglycém­ie. » L’ultime étape, attendue par tous, est évidemment la mise au point d’un pancréas artificiel complèteme­nt automatisé et implantabl­e.

Le développem­ent de l’e-santé assure aussi un suivi à distance de ces patients puisqu’ils peuvent envoyer à leur médecin les données de leur glycémie et de leur pompe à la moindre inquiétude. « Les personnes les plus technophil­es et les mieux équipées sont celles qui ont posé le moins de problèmes liés au Covid-19 », précise le spécialist­e. Mais leur comporteme­nt actuel est directemen­t lié à la façon dont la maladie leur a été annoncée et au soutien dont ils ont alors bénéficié, enfants comme parents. Car le diabète est une affection bien particuliè­re. À la différence des autres pathologie­s chroniques, les malades doivent prendre de fréquentes décisions pour ajuster leur traitement. Et même si la technologi­e a beaucoup évolué, elle ne peut pas tout. D’où la nécessité de parvenir à accepter ces contrainte­s et à employer tous les moyens possibles pour les réduire efficaceme­nt

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En pointe. Le Pr Éric Renard, coordinate­ur du départemen­t d’endocrinol­ogie, diabète, nutrition au CHU de Montpellie­r et du centre d’investigat­ion Inserm 1411.

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