Montres - Nato, l’Otan au poignet
Inventé pour les besoins de l’armée, le Nato revient en force. Au poignet des aventuriers, bien sûr, et des urbains branchés, en particulier.
Tenue de combat exigée : veste militaire kaki pour les hommes, trench beige pour les femmes, treillis, desert boots… Le constat dressé il y a cinq ans par Troy Patterson, fine plume de la mode au New York Times, n’a pas mis longtemps à traverser l’Atlantique : « Dans la rue, la moitié des gens est habillée pour tuer. » Et une grande partie d’entre eux poussent le raffinement jusqu’au poignet, en équipant leur garde-temps d’un bracelet Nato (North Atlantic Treaty Organisation, Otan en Français). Mais, à des kilomètres des champs de bataille, que signifie cette appropriation du style militaire ? Faut-il voir derrière cette bande de tissu tout terrain, jugée « apte au service » par les troupes de Sa Majesté, une armure pour affronter la jungle urbaine – comme le suggère Thimothy Godbold, qui a publié, en 2017, Le Style militaire envahit la mode –, le reflet de la violence actuelle ou une certaine insouciance, cet attribut « civilisé » ayant perdu son signifiant originel ?
Une chose est sûre, sa raison d’être ne relève pas de la coquetterie. «À l’époque, les bracelets en cuir montraient leurs limites lors des missions dans des pays au climat tropical. Et les bracelets métalliques réfléchissaient trop la lumière. En outre, en cas de choc, la casse d’une barrette à ressort au niveau de la boîte ou de la boucle entraînait le plus souvent la perte de la montre », explique un opérationnel. Conçu dans les années 1960 à la demande du ministère britannique de la Défense, le bracelet Nato, que les puristes appellent aussi G10 – en référence au formulaire à remplir pour passer commande –, est constitué d’une sangle en toile de Nylon tressée, munie de trois passants et d’une boucle ardillon. Produite à Cardiff par Phoenix Straps, la version originale est grise. Un gris sourd et sobre baptisé Admiralty Grey. Les déclinaisons à rayures, hommage aux différents régiments, apparaîtront plus tard.
Fonctionnel, interchangeable et peu cher, il séduit vite les amateurs avertis. Mais c’est Sean Connery, alias 007, qui le popularise auprès du grand public. Dans Goldfinger (1965), l’espion qui aimait les montres arbore sa fameuse Rolex Submariner sur un bracelet en Nylon à bandes bleu, vert et rouge. Daniel Craig dans Spectre (2015) et Mourir peut attendre (dont la sortie est attendue l’année prochaine) perpétue le mythe avec la Seamaster d’Omega. Mission accomplie
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