Évasion - Revoir la neige
Retraite yoga, villages préservés, repères nouveaux, itinéraires bis et artisanat chic : voici comment préparer son retour à la montagne.
RENAÎTRE DANS LE CHALET DE MAURICE HERZOG
Alors qu’il redescend de l’Annapurna, le roi du Népal lui dit : « Puisque vous avez souffert, vous avez pu renaître. » Maurice Herzog, chef d’expédition qui apporta du rêve et de la fierté à la France avec la conquête de ce sommet en 1953, n’imaginait sans doute pas qu’au siècle suivant son fils Matthias, chahuté par les vicissitudes de la vie, allait transformer le chalet familial, à Chamonix, en une retraite pour les adeptes de la position du lotus. À Goa, en Inde, ce fils en quête de sens perfectionne sa pratique du yoga, croise le destin de voyageurs au bord du précipice, échappés d’un monde épuisant, et leur transmet la lumière. « Il m’était arrivé la même chose, j’avais touché le fond. Chamonix est devenu comme une évidence », confie l’ancien cadre de Gras Savoye et d’Accor. Une expérience yogique quotidienne débute, le matin, par la salutation au Soleil. Elle est suivie par un enchaînement de mouvements dynamiques harmonisés par le souffle, puis se termine, le soir, par une révérence à la Lune, accompagnée par une série de rotations de l’esprit dans le corps, de respirations et de visualisations. Entre ces deux temps d’exercices, on peut s’adonner à la randonnée ou, si le temps ne le permet pas, visionner le film Victoire sur l’Annapurna, dans une demeure qui conserve les souvenirs du grand alpiniste, dont le fameux sabre du Maharaja, que lui avait offert le roi. La cuisine est assurée par Zoé, la compagne de Yannick Graziani, une figure de l’Himalaya.
Edelweiss Yoga Chalet, Chamonix. À partir de 690 € les 4 jours/3 nuits (base chambre triple), repas et cours de yoga inclus, https://edelweissyogachalet.com.
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CULTIVER LE ROMANTISME
Chaque village de montagne est un monde à part, différent du voisin, situé au bord d’une rivière ou non, gratifié par des fonds plats ou morcelé et pentu. Variées, les formes architecturales qui en résultent, évoluant au gré des modes et des usages, entretiennent l’appétence du grand public pour les choses du passé.
Fief du romantisme pyrénéen, Cauterets, perché à 940 mètres, a été longtemps le lieu de villégiature des têtes couronnées. C’est aujourd’hui une station familiale qui conserve des vestiges de ses années fastes, où l’on ne vient plus pour rechercher un statut et s’adonner à l’ostentatoire, mais fusionner avec l’élémentaire. Sur les chemins de Compostelle, Gavarnie (ci-dessus) attend l’humble pèlerin des neiges.
Dans les Alpes, Briançon, ville la plus haute d’Europe, connue pour ses fortifications de Vauban, cultive un passé glorieux : au coeur du Moyen Âge, elle fut la capitale prospère de la république des Escartons, expérience originale de démocratie et de coopération transalpine, ruinée par la Révolution française.
À Samoëns (photo page suivante), la magie provient de ces tailleurs de pierre qui ont laissé les traces de leur savoirfaire. Marie-Louise Jaÿ, créatrice de la Samaritaine, a offert à son village natal un remarquable jardin botanique alpin.
Enfin, terminons par un hommage à Sainte-Foy-Tarentaise, du nom de la vierge et martyre sainte Foy. Le village, sur les chemins de l’art baroque savoyard et de ses édifices religieux, resplendit par ses hameaux classés qui marquent des paysages faits de champs de neige hors piste et de forêts de carte postale. N. L. www.cauterets.com, www.gavarnie.com, www.ville-briancon.fr, www.samoens.com, www.saintefoy-tarentaise.com.
SKIER AVEC L’ESPRIT VINTAGE
Le monde du freeride ne jure que par eux. Chez Brotherwood, fabricants de snowboards, l’aventure commence à Manigod, dans la cave à reblochon du grand-père, menuisier, qui offre les outils nécessaires au travail du bois et un lieu avec une température clémente pour les opérations de stratification. Leur premier instrument de glisse est baptisé « frère de bois ». Pièces uniques, les planches sont fabriquées avec un subtil mélange d’essences de bois, dont la coupe s’effectue en période de pleine lune, là où l’arbre contient le moins de sève et sèche donc mieux une fois coupé.
Dans la vallée d’Aulps, Patrick Bron, facteur de cors des Alpes, a transmis sa passion à son fils Guillaume, fabricant de skis en bois « made in Morzine » au sein de son entreprise, Bout de bois.
Enfin, l’entreprise annecienne Marcel Livet et ses créations raffinées (ci-dessus) incarnent le pari d’un homme, Victor Édouard, ex-moniteur de ski qui a lâché son job d’ingénieur dans l’horlogerie, à Genève, pour fabriquer des spatules portant le nom de son arrière-grand-père, président de la section lyonnaise du Club alpin français, impliqué dans la préparation de la troisième expédition française en Himalaya, en 1951. N. L. www.brotherwood.fr, Bout de bois sur Facebook, www.marcel-livet.fr.
S’OFFRIR LA PERLE DU LAC
Durant les Années folles, la perle du lac Léman a fait la renommée de la commune franco-suisse de Saint-Gingolph. Créée à partir d’écailles d’ablettes (un poisson du lac), cette perle était recherchée pour sa couleur et sa brillance. Les touristes venaient s’offrir des bijoux, contribuant à l’animation estivale du village et aux revenus de bon nombre d’habitants.
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Le savoir-faire local était presque ■ perdu lorsque Jean-Loïc Selo, ingénieur chimiste, gingolais d’origine, décide de remettre l’activité au goût du jour. Il devient joaillier et ouvre une échoppe dans le village. La fabrication des perles est identique – pour 95 % – à celle de l’époque, avec, en bonus, une production écoresponsable. Avec amour, Jean-Loïc Selo s’emploie à sublimer cette matière première et à lui restituer la palette chromatique du lac: gris un jour d’orage, bleu sous le soleil, turquoise d’autres jours. Un exercice délicat. N. L. www.perledulac.ch.
SE PRENDRE POUR UN COUCOU
Décor signé Pierre Yovanovitch, oeuvres d’art sélectionnées par la galeriste Amélie du Chalard, agapes orchestrées par Riccardo Giraudi – qui a importé son concept du Beefbar – et soins développés par la prêtresse de la cosmétique bio Tata Harper : la famille Pariente, aux manettes de ce 5-étoiles bâti à flanc de montagne sur le rond-point des pistes du Belvédère, n’a pas lésiné. L’hôtel, qui se déploie sur dix étages, a été conçu pour annihiler les contraintes de la vie à la montagne: ski room donnant sur les pistes, circulation optimisée entre les espaces, piscine, spa (ci-dessous), chambres spacieuses et décloisonnées ouvrant sur des terrasses ensoleillées et décor cultivant l’art du contraste, entre influences sixties provençales et épure contemporaine. C. A.
Le Coucou, Méribel. Ouverture le 19 décembre. À partir de 640 € la nuit, www.lecoucoumeribel.com.
SE FAIRE MOUSSER
Objet du quotidien, le savon fait éclore des vocations. À Marin, petite commune de 2 000 habitants perchée sur un coteau de verdure, près de Thonon-lesBains, Jean-Luc Le Toquin, boulanger, s’est reconverti en savonnier. Dans ses chaudrons, il invente, à partir d’huiles, d’argiles, de plantes locales et de procédés à froid, des savons du terroir, mais également des shampoings solides, des bougies et des détachants.
Au Grand-Bornand, Marie et Antoine Pernin confectionnent des pièces uniques, simples et authentiques, à chiner à l’occasion du marché hebdomadaire ou dans la boutique. N. L. www.savonneriemarinel.fr, www.maana-savonnerie.fr.
RETROUVER L’ATMOSPHÈRE PENSION DE FAMILLE
Déjà propriétaire de chalets résidentiels à Vaujany, la famille Aveque avait en tête depuis plusieurs années de transformer l’ex-hôtel du Rissiou, créé vers 1880, en une adresse moderne, élégante et chaleureuse, plus dans un esprit maison d’hôtes que 4-étoiles. Voilà qui est fait. Le V de Vaujany ouvrira ses portes le 4 décembre au coeur du village avec 25 chambres, deux tables et un spa Pure Altitude.
Le V de Vaujany. À partir de 150 € la nuit en chambre club, www.hotel-vdevaujany.fr.