Les entreprises face au mur de la dette
Pour surmonter la crise du Covid, les sociétés ont emprunté, grâce au prêt garanti par l’État, un montant cumulé de plus de 125 milliards d’euros. Comment les aider à rembourser ?
Julien Richard s’est finalement résolu à arrêter les frais. Ce propriétaire d’une vingtaine de boutiques de prêt-à-porter, dont quatre au centre commercial La Vache-Noire, à Arcueil, en région parisienne, a décidé d’en fermer deux, qui étaient pourtant en travaux pour une ouverture en septembre. « Notre bailleur, un asset manageur qui ne raisonne qu’avec des tableurs Excel, a refusé de nous faire des remises sur les loyers alors que nos boutiques n’étaient pas ouvertes et que nos chantiers avaient été suspendus pendant le premier confinement », justifie-t-il. En janvier, après les soldes, il compte aussi baisser le rideau de deux autres boutiques à Montrouge, désertées par leur clientèle habituelle de cadres, passés en télétravail. Et ce malgré l’obtention de prêts garantis par l’État, une réserve financière qu’il n’a pas encore entamée, par prudence, car il espère une reprise d’activité dynamique lors de la réouverture des commerces.
Depuis le début de la crise du Covid, le nombre de défaillances d’entreprises n’a pourtant pas explosé. Bien au contraire, il s’est effondré de 38 %. « Que vous demandiez aux administrateurs judiciaires, aux mandataires ad hoc, aux cabinets de management de transition ou aux tribunaux de commerce, la réponse est la même : actuellement, c’est le calme avant la tempête », témoigne Michel Maire, spécialisé dans le management des entreprises en transition. La période pendant laquelle le gouvernement avait suspendu l’obligation, pour une entreprise, de déclarer une situation de cessation de paiements dans les quarante-cinq jours (jusqu’au 23 août) a beau avoir expiré, le nombre de sociétés en difficulté reste bien inférieur à celui que l’on comptait en septembre et en octobre 2019, comme depuis le début de la crise du coronavirus. Preuve que les mesures économiques dégainées par Bercy ont eu un effet protecteur important. « Avec les mesures gouvernementales, les entreprises sont sous respirateur artificiel », souligne Sophie Jonval, présidente du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNG). Virginie Verfaillie, présidente de l’Association pour le retournement des entreprises (ARE), qui regroupe différents professionnels impliqués dans les opérations de redressement (avocats, experts-comptables, conseils, banquiers, fonds d’investissement, etc.), note toutefois que le nombre de liquidations pures et simples ■