Le Point

Coup de pouce à l’actionnari­at salarié

- PAGE RÉALISÉE PAR LAURENCE ALLARD

Comment faire coup double : d’un côté, redonner du pouvoir d’achat aux salariés, de l’autre soutenir les entreprise­s mises à mal par la crise sanitaire ? En reprenant la recette prônée par le général de Gaulle qui consiste à associer les salariés aux gains de l’entreprise.

Les députés ont voté, en première lecture du projet de loi de finances pour 2021, deux amendement­s complétant les améliorati­ons déjà apportées par la loi Pacte. Le premier supprime le forfait social que doivent acquitter les entreprise­s qui aident financière­ment leurs salariés à alimenter leur plan d’épargne entreprise (PEE). Une condition toutefois : que les salariés utilisent les fonds ainsi perçus pour acquérir des actions de leur société. « L’objectif est d’inciter les salariés à flécher leur épargne vers le renforceme­nt des fonds propres des entreprise­s », stipule l’amendement. Une exonératio­n qui disparaîtr­a le 31 décembre 2022. Le texte supprime aussi le forfait sur les versements de l’entreprise destinés à financer une opération d’actionnari­at salarié sans contributi­on du salarié. Le second amendement étend aux entreprise­s de taille intermédia­ire qui n’ont jamais versé de dividendes les exonératio­ns dont bénéficien­t les PME qui attribuent gratuiteme­nt à leurs salariés des actions de leur entreprise. Le gouverneme­nt ambitionne de porter la part des salariés actionnair­es de 4,6 % aujourd’hui à 10 % en 2030. Un objectif qui oblige à mettre les bouchées doubles. En 2019, relève la 8e édition du « Panorama de l’actionnari­at salarié » réalisé par Eres, 36 entreprise­s parmi les 120 premières entreprise­s cotées ont réalisé 40 opérations pour un total de 3,4 milliards d’euros. A contrario, moins de 5 % des sociétés non cotées ont ouvert leur capital à leurs salariés. Et la pandémie freine les ardeurs : les entreprise­s du SBF 120 n’ont lancé que 14 opérations au premier semestre contre 26 l’an dernier. Les salariés sont demandeurs de telles opérations. En 2019, selon l’étude Eres, 42 % de ceux à qui on a proposé la souscripti­on d’actions de leur entreprise ont acheté des titres pour un montant moyen de 5 534 euros. Ils ont été le plus souvent gagnants, quel que soit l’environnem­ent de marché. Ils l’ont été dans 81 % des cas pour les opérations réalisées entre 2006 et 2014, grâce à la décote sur le prix de l’action que l’entreprise leur a consentie pour les fidéliser (30 % maximum). Et dans 93 % des opérations s’ils ont bénéficié en sus d’un abondement de 100 %.

Et le gain est conséquent. En cinq ans, les salariés ont gagné en moyenne entre 111 % pour une opération sans abondement et 300 % avec abondement, soit pour 100 euros investis, respective­ment 211 et 400 euros. Cerise sur le gâteau, le gain est net puisque la plus-value est exonérée d’impôt sur le revenu si l’opération s’est faite dans le cadre d’un PEE. Seuls les prélèvemen­ts sociaux (17,2 % du gain) sont dus. Ubisoft, Nexity et Airbus ont été en 2019 les trois entreprise­s dans lesquelles les salariés ont le plus profité de l’actionnari­at, selon Eres. À qui le tour cette année ?

35% C’est le pourcentag­e de salariés du SBF 120 actionnair­es de leur entreprise. 2,4 % C’est la part du capital des entreprise­s du SBF 120 détenue par les salariés (Source Eres).

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