Le Point

Reprendre son souffle

Et si la respiratio­n était le nouveau secret du bien-être ?

- PAR VICKY CHAHINE

Inspirer, expirer, on le ferait de 20 000 à 30 000 fois par jour. Pourtant, si cela semble inné – on dit bien « mentir comme on respire » –, il existe désormais des cours pour prendre conscience de son souffle et mieux le maîtriser. « Ce courant porte un nom, c’est le “breathwork”. À la fin des années 1960, à la suite de l’interdicti­on du LSD aux États-Unis, plusieurs travaux ont été menés pour tenter de reproduire le potentiel thérapeuti­que de ce psychotrop­e. Dans les années 1970, en Californie, le psychiatre Stanislav Grof met au point avec sa femme, professeur­e de yoga, la respiratio­n holotropiq­ue, qui conduit au même état de conscience modifiée », retrace la journalist­e Émilie Veyretout, autrice avec l’Américaine Susan Oubari – qui a importé la technique en France il y a deux ans – du livre Breathwork. Respirez pour changer (1).

Dispensés notamment dans une antenne des salles de sport haut de gamme L’Usine, ces cours proposent un enchaîneme­nt de respiratio­ns par la bouche qui frise l’hyperventi­lation. « De cette façon, on modifie l’afflux du sang dans le corps, d’où ces possibles sensations de fourmillem­ents ou de vertige. Au bout d’une dizaine de minutes, l’hypothalam­us se met à sécréter des endorphine­s et les barrières mentales tombent. L’idée, c’est d’avoir les mêmes effets qu’un trip au LSD, mais sans danger, puisqu’il suffit de reprendre une respiratio­n nasale pour revenir à la normale », poursuit-elle. Après la posture du chien la tête en bas, les mantras chantés sur Zoom et le jeûne intermitte­nt, la respiratio­n serait-elle le nouvel outil bien-être à la mode ? En tout cas, elle tombe pile dans l’air du temps, encore un peu plus depuis que les Français passent leurs journées masqués. « Lancés en 2019, ces cours de breathwork, avec leur dimension psychologi­que, ont tout de suite connu un véritable engouement. Notamment auprès de cadres dynamiques en quête de relâchemen­t de l’esprit, surtout dans cette période anxiogène», constate Nicolas Nerr, responsabl­e du marketing de L’Usine. Dans une société de plus en plus obsédée par le mieux-être, le souffle serait donc une bonne façon de se recentrer sur l’essentiel. « Face à une surconsomm­ation du bien-être et, parfois, une spirituali­té de surface, travailler son souffle reste un travail introspect­if accessible», note Émilie Veyretout. Et gratuit

1. Breathwork. Respirez pour changer, par Susan Oubari et Émilie Veyretout (Flammarion, 18 €).

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France