Razzia d’archives
Le 31 décembre 1809, des gendarmes français opérent une razzia sur les archives pontificales, conservées dans les tribunaux ecclésiastiques de Rome. Pie VII exilé depuis six mois, Napoléon a l’ambition de rapatrier le Siège apostolique en France et, dans cette lutte avec le pape, les archives sont une arme (ci-dessus, estampe de 1814 montrant Napoléon s’emparant des reliques sous les yeux de Pie VI, en 1797). Bientôt des centaines de caisses transitent vers Reims, puis Paris, destination l’hôtel de Soubise, le palais des Archives. On y recevra notamment les pièces du procès de Galilée. Quelques mois auparavant, des émissaires écumaient Vienne, avec ordre de se saisir des pièces concernant les nouveaux territoires annexés par l’Empire, ainsi que les dossiers sur le Saint Empire romain germanique, dissous en 1806, que Napoléon, nouveau Charlemagne, songeait à briguer. Il procédera de même en Hollande et en Espagne, à Simancas, puis dans certains États italiens. Censeur impérial, garde en chef des Archives, Pierre Daunou met en musique la volonté napoléonienne de concentrer à Paris les archives de l’Europe. Qui les possède aura la main sur l’écriture de l’Histoire. Le procès de Galilée ne retournera à Rome que trente ans plus tard et il faudra attendre 1941 pour que les archives espagnoles soient rendues par Pétain à Madrid
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À lire : Les Archives du monde, de Maria Pia Donato (PUF, 240 p., 21 €).