Quelles sont les perspectives pour les actions en 2021 ?
Même si les marchés ont rebondi fortement en fin d’année, les gérants entrevoient un potentiel de hausse principalement sur les actions chinoises.
Qui aurait parié en mars, aux prémices de la crise du Covid-19, sur un tel rebond des marchés après un effondrement généralisé des Bourses de plus de 30 % ! Et pourtant, effaçant totalement l’impact de la pandémie, les indices américains sont proches de leurs plus hauts historiques. En Europe, le rebond est lui aussi important même s’il est moins spectaculaire : l’Euro Stoxx 50 et le Cac 40 ont regagné fin novembre, début décembre, 15 % avant de se replier. Surtout, la Chine a affirmé sa suprématie. « Cette crise a démontré une première vraie déconnexion entre les marchés chinois et occidentaux. Les actions chinoises ont progressé de plus de 20 % », relève Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué chez Ofi AM. Un décalage qui apparaît justifié ! La Chine est la seule économie à afficher une croissance positive (2 %) en 2020.
Le rebond va-t-il se poursuivre en 2021?
« On est convaincus que les marchés vont dépasser les à-coups générés par les déceptions de croissance consécutives aux mesures de restrictions prises par les États pour lutter contre la reprise de la pandémie et regarder à plus long terme », estime Jeanne Asseraf-Bitton, responsable mondiale de la recherche marché chez Lyxor AM. À plus long terme, c’est-à-dire une fois la planète vaccinée, condition d’un retour à la croissance « normale », une fois mis en oeuvre les plans de relance américain et européen, une fois assuré de la poursuite de la politique accommodante des banques centrales… D’autant qu’ont été levées les incertitudes que l’élection présidentielle américaine, les tensions Chine-États-Unis et le Brexit représentaient.
« Un mur de craintes s’est effondré », résume Frédéric Rollin, conseiller en investissement chez Pictet AM. « Les marchés actions devraient également profiter du retour des investisseurs. En dépit du rallye de ces dernières semaines, les flux vers les actions sont négatifs », ajoute Florence Barjou, chez
Lyxor AM.
Faut-il acheter dès à présent ?
Même si les marchés sont hauts, les gérants sont unanimes à recommander d’acheter des actions. « Il vaut mieux se positionner maintenant que de courir après les rallyes de demain », poursuit Florence Barjou, qui a réduit son exposition aux valeurs refuges, aux obligations, au dollar et à l’or. Même si à court terme les gérants n’excluent pas une correction. Pour Vincent Guenzi, directeur de la stratégie chez Cholet Dupont, les marchés ont réagi sans tenir compte des nouvelles mesures de restrictions liées à la reprise de la pandémie.
Dans quoi faut-il investir : les valeurs de croissance ou « values » ?
En dépit de la performance récente des values (+ 15 %), les gérants se montrent circonspects. « Dans un cycle normal, les values surperforment quand l’économie sort de récession. Sauf que la récession actuelle est due à un choc exogène », constate Florence Barjou. Les gérants reviennent donc modérément sur ces titres en privilégiant les sociétés qui ont souffert du choc exogène, comme le tourisme, l’aviation, et celles qui ont un business model adapté aux changements structurels. « Il faut faire du stoxx picking à l’intérieur d’un même secteur », conseille Romain Boscher. Le CIO actions chez Fidelity International entrevoit une reprise en K avec des groupes qui tireront leur épingle du jeu et d’autres qui continueront de souffrir. « La ligne de démarcation est technologique. » Et de citer, dans les pétrolières, le groupe Repsol qui a su prendre le virage des énergies renouvelables. Dans le même esprit, Vincent Guenzi recommande des titres comme Vinci,
ADP, Airbus, Safran, Fnac. Les valeurs de croissance conservent donc leur aura et, en particulier la Tech, en dépit de leurs cours élevés. Parmi les grands thèmes d’investissement à venir plébiscités par les gérants, tout ce qui a trait au changement climatique, les énergies propres, l’innovation.
Europe, États-Unis ou pays émergents?
« Même si les actions chinoises ont beaucoup monté, la sousvalorisation persiste : de l’ordre de 6 points par rapport aux actions américaines. La dynamique de croissance des pays émergents est supérieure à celle des pays développés », estime Frédéric Rollin, qui recommande d’accroître son exposition à la Chine.
Quelle performance peut-on espérer?
Vincent Guenzi anticipe une hausse des marchés de 5 % à six mois et de 10 % à un an. Mais tous ne sont pas aussi positifs. « Sur les trente dernières années, les actions ont délivré un rendement annuel moyen de 8 % et les obligations souveraines de 5 %. On table sur les dix ans à venir sur respectivement 4,5 % et
1 % », prédit Florence Barjou. Reste alors aux gérants à rechercher du rendement sur d’autres classes d’actifs comme le non-coté ou les dettes privées
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LA DYNAMIQUE DE CROISSANCE JOUE EN FAVEUR DES ACTIONS CHINOISES.