LE GÉNÉRAL LLOYD AUSTIN
Kamala Harris sera, pour citer les Américains, « à un battement de coeur » de la présidence.
Celui qu’on n’attendait pas
Plus qu’ailleurs, le poste de secrétaire à la Défense revêt une importance particulière aux États-Unis. Qu’on en juge : un budget qui représente près du quart des dépenses militaires mondiales, des dizaines de bases à travers la planète, des forces engagées sur plusieurs théâtres d’opérations, des alliances à gérer avec, de surcroît, des questions sensibles à résoudre, que ce soit la modernisation de l’arsenal nucléaire, le maintien d’une présence en Afghanistan, la rivalité avec la Chine ou l’adaptation aux nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle. Auxquels s’ajoute la relation complexe qu’entretiennent les administrations démocrates avec un milieu militaire massivement républicain.
Le nouveau secrétaire, le général Austin, a été, en 2003, commandant en Irak et a pris la tête, en 2013, du Centcom (Commandement central des ÉtatsUnis), qui couvre en particulier le MoyenOrient.
C’est un Africain-Américain qui a une expérience étendue des opérations pour y avoir participé et les avoir conduites mais qui s’est toujours strictement cantonné dans son rôle et ne s’est jamais exprimé sur les questions politiques ou de fond. Il est largement inconnu à Washington. C’est donc un technicien sans aspérités qu’a choisi Biden de préférence à Michèle Flournoy, ancien numéro trois du Pentagone sous Obama, que le Tout-Washington annonçait déjà comme le choix inévitable du président élu.
Deux explications à cette mise à l’écart circulent : d’une part, l’hostilité de la gauche démocrate qui voyait en elle la candidate de l’industrie de la défense et une partisane des interventions militaires et, de l’autre, un désaccord avec un président sceptique sur la poursuite de l’engagement en Afghanistan. Ce serait donc un « faucon » qu’on aurait décidé d’écarter. Les États-Unis ne veulent plus être les gendarmes du monde.