Le Point

Une nouvelle manière d’investir dans le non-coté

- PAGE RÉALISÉE PAR LAURENCE ALLARD

Jusqu’alors, pour investir dans le capital-investisse­ment, les particulie­rs avaient un choix limité ! S’ils voulaient y consacrer quelques milliers d’euros, ils pouvaient souscrire des parts d’un fonds commun de placement pour l’innovation (FCPI) ou d’un fonds d’investisse­ment de proximité (FIP), deux placements pouvant se cumuler et qui sont assortis cette année d’un avantage fiscal supérieur. La réduction d’impôt s’élève désormais à 25 % du montant investi, contre 18 % les années précédente­s. Les ménages plus aisés avaient accès à des fonds d’investisse­ment ou à des fonds profession­nels de capital-investisse­ment (FPCI), sachant que ces derniers ont été conçus avant tout pour les institutio­nnels. « Il manquait un véhicule pour la clientèle privée », explique Christophe Deldycke, président du groupe Turenne, l’un des leaders depuis vingt ans du capitalinv­estissemen­t en France. En créant la société de libre partenaria­t (SLP), la loi Macron du 6 août 2015 puis la loi Pacte sont venues combler un vide. « Elle offre une flexibilit­é de gestion que l’on n’avait pas, à l’image des limited partnershi­ps, structures d’investisse­ment utilisées par les gestionnai­res anglo-saxons, et un cadre juridique protecteur tant pour le gestionnai­re que pour les investisse­urs », note un expert. La société en libre partenaria­t permet, par exemple, d’associer les investisse­urs à la gouvernanc­e du fonds, de profiter de l’effet de levier offert par le crédit et, pour les investisse­urs, de sortir de la société sans pénalité au bout de cinq ans. « Mais, surtout, relève Christophe Deldycke, elle bénéficie d’une durée de vie de quatre-vingt-dix-neuf ans, ce qui autorise des investisse­ments longs dans des PME-PMI, là où l’horizon de placement des fonds est de cinq, de sept ou de huit ans. »

Au moins quatre sociétés de libre partenaria­t se sont déclarées à l’Autorité des marchés financiers, à l’instar de la SLP Sélection & Opportunit­és, du groupe Turenne, qui vise au moins 200 millions dans cinq ans, ou encore de Cathay Capital Private Equity. Ces SLP émanent toutes de gérants de capital d’investisse­ment et d’infrastruc­ture, même si elles pourraient porter sur n’importe quelle classe d’actifs. Comme les FPCI, les sociétés de libre partenaria­t bénéficien­t d’un régime fiscal avantageux : exonératio­n des plus-values de l’impôt sur le revenu (les prélèvemen­ts sociaux restent dus) pour les particulie­rs et d’impôt sur les sociétés pour les holdings dès lors que la durée d’investisse­ment aura été d’au moins cinq ans. Mais le contexte est-il toujours porteur ? Le capitalinv­estissemen­t a affiché sur les dix dernières années des performanc­es remarquabl­es : + 11,3 % par an sur la période de 2009-2019, 9,9 % sur les quinze dernières années, selon la dernière étude France Invest/EY (voir graphique). La crise économique et sanitaire pourrait fragiliser nombre de PME. Des inquiétude­s que relativise Christophe Deldycke, qui mise sur des secteurs porteurs comme la santé, l’innovation de rupture, la transition énergétiqu­e, l’agroalimen­taire, secteurs qui ont peu pâti du confinemen­t et qui devraient profiter du plan de relance. Et, côté offre, de nombreux chefs d’entreprise pourraient se décider à ouvrir plus largement leur capital. « Nous tablons sur un doublement du montant investi à l’horizon de cinq ans, prévoit Christophe Deldycke. Contrairem­ent aux FCPI ou FIP, nous investisso­ns dans des sociétés matures, déjà rentables, donc moins risquées »

 ??  ??
 ?? Source : France Invest/EY. ??
Source : France Invest/EY.

Newspapers in French

Newspapers from France