Mille sabords, 80 ans !

Avec ses planches et ses couvertures qui battent des records (3,2 millions d’euros pour une couverture du Lotus bleu), on en oublierait presque que Tintin est, avant tout, une oeuvre de génie où se côtoient certains des plus beaux personnages de papier jamais créés. L’un d’eux, le plus attachant peut-être, fête ses 80 ans cette année. En janvier 1941, les pages du Soir – dans lequel étaient publiées Les Aventures de Tintin – offraient au petit reporter un nouveau compagnon : le capitaine Haddock. Cet ivrogne irascible et trahi par l’équipage de son bateau est apparu au détour d’une case du Crabe aux pinces d’or. À propos de ce loup de mer, Hergé déclarait :

« Je trouve un orphelin du hasard, né involontairement ivre mort, dans une cabine du Karaboudjan. J’ai fini par l’aimer et Tintin l’a rééduqué. » Selon Benoît Peeters, le biographe d’Hergé, c’est Haddock qui a permis aux albums de toucher au tragique, par son alcoolisme latent, sa mélancolie persistante et sa quête des origines dévoilées dans Le Secret de La Licorne. Pour Albert Algoud, éminent tintinophile, qui a recensé les jurons du volcanique marin,

« Haddock est comme l’Achille de l’Iliade, un héros à la fois bouillant et humain, avec l’humour en plus ». À la tienne, capitaine ! ROMAIN BRETHES

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L’Intégrale des jurons du capitaine Haddock. Le Haddock illustré, d’Albert Algoud (Casterman, 94 p., 15,50 €).