Le Point

Assurance-vie : les fonds en euros chutent en dessous de 2 %

- PAGE RÉALISÉE PAR LAURENCE ALLARD

Même les meilleurs succombent. Le rendement 2020 du fonds en euros de la célèbre associatio­n d’épargnants Afer (756 620 adhérents) chute à 1,7 %, net de frais de gestion mais avant prélèvemen­ts sociaux. Celui de son rival, le fonds Gaipare, à 1,90 %. Tout comme ses dérivés : les fonds Gaipare II, Sélection, Select F ou Selectissi­mo. Une nouvelle baisse qui s’ajoute aux précédente­s. Les fonds Gaipare avaient déjà baissé de 0,25 % en 2019. Beaucoup d’assureurs font encore moins bien. 1,55 % pour le fonds en euros de la MACSF, 1,30 % pour ceux de la Maif et Agipi, 1,25 % pour celui de la Macif (voir tableau). Les raisons de cette nouvelle décrue ? La politique accommodan­te des banques centrales, et en particulie­r de la Banque centrale européenne, qui ont diminué les taux d’intérêt afin de soutenir l’activité, mise à mal par le Covid. « Le taux à dix ans français est passé de nul (0,12 %) à négatif (- 0,34 %) et le taux swap euro vingt ans de 0,60 à 0,01 % », commente Nicolas Boulet, directeur de la stratégie d’investisse­ment chez Allianz France. Or pour assurer un rendement garanti, les fonds en euros sont investis à plus de 90 % en obligation­s d’État ou d’entreprise­s. Chaque année, les assureurs remplacent des obligation­s venues à échéance qui rapportaie­nt autour de 4 % par des titres dont la rémunérati­on dépasse à peine 0 %. Et ce n’est pas la légère diversific­ation en actions ou immobilier qui change fondamenta­lement la donne. Pour éviter une décrue plus forte, nombreux sont les assureurs qui ont puisé dans la provision pour participat­ion aux bénéfices (PPB), sorte de réserve accumulée les années de vaches grasses. Aucune éclaircie à l’horizon. « Nous anticipons la poursuite de taux bas en 2021 », prévoit Jean Berthon, président de Gaipare. La baisse de la rémunérati­on du fonds en euros aurait pu être plus élevée encore si la collecte nette de l’assurance-vie avait continué sur le rythme des années passées. Cette dernière a diminué de 152 milliards (– 37 %). Autant de sommes qui n’ont pas été placées à des taux très bas et qui auraient dilué la performanc­e du portefeuil­le. Une dilution que les assureurs eux-mêmes freinent en conditionn­ant le versement sur un fonds en euros à des versements en parallèle sur des unités de compte. Chez Gaipare, par exemple, 30 % doivent être placés sur des supports actions, obligation­s, immobilier…. Pour ne pas décourager les épargnants, l’associatio­n Gaipare prépare la création cette année d’un nouveau fonds en euros assis sur le même portefeuil­le mais qui ne serait plus assorti comme le fonds général d’une garantie annuelle en capital. Les épargnants bénéficier­ont d’une garantie de fidélité si, durant les cinq ans qui suivent la souscripti­on, aucun retrait n’aura été effectué.

De là à jeter les fonds en euros aux oubliettes, comme le conseillen­t de nombreux assureurs en mal de fonds propres ? Non, s’insurge Gérard Bekerman, président de l’Afer : « Les fonds en euros ne sont pas obsolètes. Souscrits par des millions d’épargnants en quête de sécurité, ils gardent toute leur pertinence dans le patrimoine des Français. Ils sont aussi un trésor public bon pour la France, car ils financent les dettes publiques, les crédits aux entreprise­s, l’économie productive et l’emploi. »

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