Le Point

Roman (P. Besson) : une envie folle de Nice

Fnac/Le Point du 18 au 21 janvier 2021

- PAR FRANZ-OLIVIER GIESBERT

C’est comme une promesse, la ville idéale pour un début de livre, de film, d’amour, de tout. Il n’est pas étonnant qu’elle ait tant inspiré les écrivains, les artistes, les escrocs. « Je ne peux pas vivre bien sans elle », écrit Patrick Besson dans son dernier livre, Nice-Ville. « J’ai trop besoin de ses automnes. » Elle est pour lui une sorte de « repaire métaphysiq­ue ».

Il paraît qu’en serbe Nietzsche, Niçois d’honneur, se dit Nice. C’est l’une des révélation­s du livre que Patrick Besson a consacré à ce qui, depuis quelques années, est quand même – excusez du peu et merci Estrosi – la plus belle ville de France.

De France ? Oh, pardon, ça se discute. Car Nice n’est pas une ville, ni même un comté, comme on le dit souvent. C’est un pays en soi – d’où, comme le rappelle Besson, l’expression de « pays niçois ». Ceux qui ne l’ont pas compris sont passés à côté.

Nietzsche a séjourné à cinq reprises à Nice, où il a écrit une partie du Gai Savoir et achevé Ainsi parlait Zarathoust­ra. Dans des lettres, il a célébré les « couleurs », la « magnifique plénitude de lumière » de cette cité un peu française et un peu italienne, où il sentait « quelque chose de vainqueur, de sureuropée­n ».

Niçois un jour, Niçois toujours. C’est comme le gaullisme. Tout le monde a été, est ou sera niçois : outre Nietzsche, auront déambulé ici Tchekhov, Céline, Joyce, Zweig, Kessel, Gary, Le Clézio, Sheila, Gallo, Seksik, Cauwelaert, Dujardin. Sans oublier Dick Rivers et, bien sûr, Patrick Besson.

Au lieu d’écrire un « Dictionnai­re amoureux », Patrick Besson nous a envoyé d’irrésistib­les cartes postales, souvent vachardes, avant de nous présenter en fiches les hôtels et les restaurant­s, les femmes et les hommes. Les rues, aussi. Flotte tout au long de ce livre sous forme de notules ou d’aphorismes cette ironie douce-amère et cette mélancolie désinvolte qui sont sa marque de fabrique. Comme cette passion de la littératur­e, envers et contre tout, au point de commémorer (c’est le mot) ce raseur de Chardonne et de reprocher à Estrosi de s’étaler, dans son livre Nice l’inattendue, sur les anchois et les boules sans avoir un mot sur Gary ou Kessel.

S’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là ! Dernier des Mohicans de la littératur­e française, ce bel écrivain est un grand sentimenta­l, pour qui elle est la vie, l’antidote par excellence, ce qu’il prouve une fois encore dans Nice-Ville

■ Nice-Ville, par Patrick Besson (Flammarion, 188 p., 19 €).

FLOTTE TOUT AU LONG DE CE LIVRE CETTE IRONIE DOUCE-AMÈRE ET CETTE MÉLANCOLIE DÉSINVOLTE QUI SONT LA MARQUE DE FABRIQUE DE L’AUTEUR.

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L’écrivain Patrick Besson.
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