Auto : sculptures mobiles
Malgré l’annulation de la plupart des salons automobiles, les constructeurs continuent à imaginer la voiture idéale sous la forme de concept car.
Àquoi ressemblera la voiture de 2025, voire de 2030 ? À en croire les constructeurs, elle sera de plus en plus électrifiée, mais aussi – ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les amateurs de conduite – nettement moins autonome qu’on ne l’imaginait il y a quelques années encore. Mieux, à voir les concepts censés l’inspirer, elle sera, d’abord pour des raisons d’aérodynamisme, dépourvue des fioritures stylistiques telles que les plis et les recoins qui surchargent la plupart des modèles actuels. La voiture des années 2020 devrait donc opérer un retour salvateur vers une esthétique plus sobre et une élégance plus intemporelle.
MINÉRALE
Hyundai Prophecy
La meilleure illustration de cette tendance est la Hyundai Prophecy, une superbe berline surbaissée dont le profil semble avoir été dessiné d’un seul coup de crayon, un coup de maître créant une ligne d’une pureté rare. Le fait d’avoir été développée sur la nouvelle plateforme 100% électrique E-GMP du groupe coréen – avec une batterie autorisant une puissance de 600 ch et une autonomie de 500 km – confère à la Prophecy des proportions avantageuses, constituées d’un empattement immense et de porte-à-faux ultracourts. Si les optiques avant apparaissent d’un grand classicisme, les feux arrière sont constitués de pixels répartis sur toute la largeur du bouclier, modulantlasignaturelumineusedelaProphecy. L’accès à l’habitacle est facilité par le choix de portes antagonistes qui supprime le montant central. Dépourvue de volant, la Prophecy peut néanmoins être conduite au moyen de deux joysticks. Les amateurs de jeux vidéo apprécieront.
GESTUELLE
Aero Sport Lounge
L’aérodynamisme est aussi un des objectifs poursuivis par DS pour son concept Aero Sport Lounge. Thierry Metroz, le directeur du style de la marque premium du groupe PSA, a dans ce but choisi une silhouette de shooting brake (ou break de chasse, en bon français), combinant une garde au sol surélevée par l’adoption de roues immenses (sur jantes de 23 pouces de diamètre) et un pavillon surbaissé, le plus long et le plus fuyant possible afin de réduire au maximum les turbulences aérodynamiques et donc la traînée. Pour les mêmes raisons et parce que l’Aero Sport Lounge est électrique, embarquant une batterie de 110 kWh pour une autonomie de plus de 650 km et une puissance de 680 ch, il se contente d’une calandre décorative, sans entrée d’air. Autour de cette dernière, le bouclier intègre des diodes électroluminescentes dessinant une nouvelle signature lumineuse qui n’apparaît que lorsqu’on met le contact. L’accès aux quatre places
– toutes des sièges individuels – est facilité par le choix de portes antagonistes permettant la suppression du montant central. Garanti sans cuir, l’habitacle innove par l’utilisation de matériaux tels que le satin de coton ou de surfaces réalisées en marqueterie de paille. Sur le plan de l’interface homme-machine, l’Aero Sport Lounge se distingue aussi par le choix d’une réduction drastique du nombre d’écrans, certaines informations apparaissant par projection sur la planche de bord, tandis que les différentes fonctions des équipements de confort et de connectivité sont pilotées par commande gestuelle. Mieux, aux mouvements de la main, interprétés par une caméra, un système à ultrasons développé en partenariat avec la société Ultraleap répond par un «retour haptique », en l’occurrence une vibration de l’air recréant une sensation de toucher. Une nouvelle démonstration d’un savoir-faire technique mis au service de l’imagination des designers qui permet d’espérer que ces concept cars puissent bientôt passer du rêve à la réalité.
COSY i-Land
Dans la même veine, le groupe chinois Dongfeng a confié au bureau de style Italdesign la création du projet i-Land, une grande routière destinée à poser les fondations esthétiques de sa marque de luxe Voyah. Long, large et bas, l’i-Land ressemble à un coupé, mais ses deux immenses portes papillon sont assez longues pour permettre un accès aisé à deux rangées de sièges. Pour des raisons de confort, l’i-Land ne compte que trois places, une pour le chauffeur et deux à l’arrière, séparées par une imposante console centrale. Le passager le plus choyé est celui qui occupe le siège arrière droit, puisqu’il bénéficie d’un espace pour les jambes plus généreux et d’un élément de mobilier pouvant, en fonction des circonstances, servir de table ou de repose-pieds façon méridienne. L’iLand s’appuie sur la nouvelle plateforme Voyah, dévolue à la propulsion électrique, mais ses caractéristiques techniques n’ont pas encore été annoncées.
TRANSFORMABLE
Renault Morphoz
Comme son nom l’indique, le concept Renault Morphoz est capable de changer de forme, en l’occurrence d’ajuster sa longueur aux besoins du moment. Il peut ainsi passer en quelques secondes du format d’un SUV compact, à l’aise en ville (4,46 m), à celui d’un modèle à vocation plus familiale et routière (4,87 m). Pour parvenir à ce résultat, la carrosserie s’allonge au niveau du capot et du porte-à-faux arrière. Le Morphoz gagne alors en habitabilité et notamment en espace pour les jambes des passagers arrière, dont les sièges peuvent être reculés. Mieux, le fauteuil avant droit peut alors basculer pour s’installer dos à la route et ainsi « faire salon » avec les occupants des places arrière. Sur le plan technique, l’accroissement de 20 cm de l’empattement (de 2,73 à 2,93 m) peut être mis à profit pour moduler la capacité de batterie de la chaîne de traction 100% électrique du Morphoz. De 40 kWh en configuration courte, celle-ci peut, grâce à l’ajout de modules supplémentaires, être portée à 90 kWh en version longue pour un rayon d’action passant de 400 à plus de 700 km en configuration routière. Enfin, l’allongement du porte-à-faux arrière permet un écoulement plus fluide de l’air le long de la carrosserie et donc une consommation réduite, en particulier sur autoroute.