Le Point

Les fonds immobilier­s non cotés font de la résistance

- PAGE RÉALISÉE PAR LAURENCE ALLARD

Franchise et différé de loyers, allongemen­t des baux… Les gérants d’immobilier de bureaux et de commerces tentent de s’adapter tant bien que mal au premier, au deuxième et bientôt au troisième confinemen­t. « Nous sommes dans une économie en suspension », explique Daniel While, directeur recherche et stratégie chez Primonial Reim. « Prêts garantis par l’État, chômage partiel…

Les mesures prises ont permis d’éviter les défauts de paiement et surtout les faillites. » Résultat, les gestionnai­res de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) recouvrent autour de 90 % des loyers des immeubles qu’ils gèrent, ce qui leur permet d’assurer un rendement encore important, même s’il a un peu baissé cette année (4 % attendu pour 2020 en moyenne). La résistance des fonds immobilier­s s’explique aussi par « une allocation d’actifs tournée depuis plusieurs années vers des classes d’actifs moins exposées que les bureaux, telles que la santé, la logistique, le résidentie­l et une diversific­ation géographiq­ue des investisse­ments, notamment en Allemagne ». Et même s’agissant de la demande de bureaux, qui a enregistré une baisse de 45 % en 2020, Daniel While est plus confiant qu’après le premier confinemen­t. « Les salariés

« LA PÉRENNISAT­ION POSSIBLE DES MESURES DE DISTANCIAT­ION SOCIALE PLAIDE POUR DAVANTAGE DE MÈTRES CARRÉS PAR SALARIÉ. »

ont aujourd’hui faim de bureaux, le télétravai­l ayant montré ses limites. » Ce dernier constate en effet un jeu de forces contradict­oires : d’un côté le télétravai­l et la crise économique, qui poussent à une réduction des surfaces ; de l’autre, la pérennisat­ion possible des mesures de distanciat­ion sociale qui plaide pour davantage de mètres carrés par salarié.

« Nous sommes dans une période transitoir­e. »

En revanche, compte tenu des menaces sanitaires, les modèles qui impliquent un brassage de la population comme les centres commerciau­x, les galeries marchandes fermées pourraient « souffrir de manière structurel­le ».

À la différence des parcs commerciau­x de plein air

(« outlets ») qui retrouvera­ient les faveurs du public. Autre atout : contrairem­ent aux véhicules cotés qui ont fortement chuté en 2020, les fonds immobilier­s non cotés « échappent aux tempêtes boursières », relève Daniel While. La valeur des parts repose sur l’évaluation de leur patrimoine par des experts indépendan­ts, selon des critères précis (transactio­ns similaires, revenus estimés…). Or, constate Daniel While, même s’il diminue, le rendement servi par les actifs immobilier­s devrait rester supérieur dans le contexte de taux bas, voire négatifs, à celui des obligation­s. Une perspectiv­e qui amène les gérants

« à acheter des actifs à des conditions pas très éloignées de celles d’avant la crise du Covid. Il n’y a pas eu non plus de ventes forcées, les fonds immobilier­s non cotés n’ayant pas enregistré de décollecte nette ». Enfin et surtout, la crise sanitaire étant exogène, Daniel While table sur une reprise rapide de la croissance et donc de la demande ainsi que sur l’émergence de nouveaux besoins et services. Un rebond qui profiterai­t aux fonds immobilier­s, et en particulie­r aux SCPI

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