Le nouveau club des Cinq
Qui a dit que la mode masculine ne bougeait pas ? Voici des agitateurs de talent à suivre.
Ludovic de Saint Sernin et ses amis
«Je suis encore nouveau!» insiste Ludovic de Saint Sernin. À peine deux ans après son entrée au calendrier officiel de la Fédération de la haute couture et de la mode, ce phénomène d’Instagram fait déjà tout comme les grands. Privé de défilé, le créateur s’amuse depuis deux saisons à retranscrire à l’écran son univers très personnel et unisexe – l’inénarrable slip à oeillets est la seule pièce genrée de la collection… Mieux, il est le seul à avoir proposé un événement « réel » en exposant à Paris, à la galerie Joyce, des oeuvres d’artistes et d’amis, de Rick Owens à Willy Vanderperre, au milieu de ses propres créations. Une façon de permettre à ses fans de toucher les vêtements. Habituellement friand des ensembles, Ludovic de Saint Sernin a voulu pour l’hiver un vestiaire de vêtements séparables, qu’on s’échange entre amis pour marquer les retrouvailles, à découvrir dans une vidéo intitulée « Do You Remember ? ». On peut porter le nom d’une dynastie de serviteurs de l’État et servir la mode.
Rhude sur la ligne de départ
Celui qui s’est donné pour mission de redéfinir le luxe à l’américaine est à son aise dans le calendrier parisien. Rhude, le label de Rhuigi Villaseñor, a même fait d’une pierre deux coups. D’une part en se servant de l’occasion pour donner le coup d’envoi à une série de collections capsules en partenariat avec McLaren et, de l’autre, en dévoilant sans crier gare sa première ligne de vêtements pour femmes – l’homme ne défile décidément plus jamais seul. Cette saison, le designer californien s’est donc plié à l’exercice du défilé filmé, avec des mannequins déambulant sur un circuit automobile autour d’un bolide de l’écurie britannique. La formule 1 est évidemment au coeur de la proposition, casquettes logotées, gants, blousons et combinaisons de pilote rythment ainsi cette garde-robe aux accents grunge, taillée pour franchir la ligne d’arrivée sans embûches.
Casablanca en mode Grand Prix
Tour de piste également pour la jeune marque « après-sport » de Charaf Tajer, finaliste du prix LVMH 2020, qui traverse la Méditerranée cette saison, de la ville éponyme jusqu’à Monaco pour un Grand Prix fantasmé. L’univers de la course auto s’invite donc sur les silhouettes vitaminées de la collection, tout comme celui du casino, avec ces imprimés damiers, ces lauriers et autres jeux de cartes. L’humeur est à la fête pour une joyeuse galerie de personnages – le créateur s’offre même un caméo au synthé –, appelant à passer l’hiver au soleil. Charaf Tajer profite de l’occasion pour présenter à son tour une première ligne pour femmes, complétant ainsi sa gamme.
Botter sauvegarde le corail
Le duo néerlandais Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter, lauréats du Festival de Hyères 2018, également à la direction artistique de Nina Ricci, usent de leur notoriété pour sensibiliser à la cause environnementale. Cette saison, ils plongent au contact de la barrière de corail qu’ils s’emploient à restaurer à travers une ferme de coraux qu’ils ont créée sur l’île caribéenne de Curaçao. La collection intitulée « Romancing the Coral Reef » est une ode à la mer et à la faune aquatique… Une silhouette de plongeur à laquelle on insuffle l’esprit tailleur.
Phipps, explorateur engagé
La présentation automne-hiver 20212022 de Phipps, tournée en Islande, fait sienne la lutte contre le réchauffement climatique, alertant sur la fonte des glaces. La collection rend hommage aux explorateurs du Grand Nord avec des pièces confectionnées à partir de matériaux recyclés ou biodégradables, la marque de fabrique de Spencer Phipps, qui n’hésite pas à barder ses créations de slogans tels que « Save the Fucking Whales ». À bon entendeur. Le créateur américain annonce par la même occasion une collaboration avec l’ONG Oceanic Global, chargée de la préservation des océans en lançant une collecte de fonds sur la plateforme Heroes ■