Baudelaire mis à nu
Baudelaire et autres poètes, par Stefan Zweig (Inédits Payot, 96 p., 8 €). Charles Baudelaire, de Walter Benjamin (Petite Bibliothèque Payot, 304 p.,10 €).
Dans quelques semaines, nous fêterons le bicentenaire de la naissance de Baudelaire : l’occasion de découvrir le regard que deux autres génies ont posé sur lui. Celui de Walter Benjamin d’abord, qui dessine un portrait de Baudelaire en homme déboussolé par le capitalisme marchand. «Je veux montrer comment Baudelaire est enchâssé rigoureusement dans le XIXe siècle », écrit-il à Gershom Scholem. Du côté de Stefan Zweig, le coup d’oeil se concentre plus sur l’oeuvre, la manière, « le toucher poétique ». « Baudelaire, qui réglait tout de même ses vers pour qu’ils provoquent un effet puissant, écrit-il, n’a rien de commun, dans sa retenue élégante, avec ce romanichel génial et pervers qu’était Paul Verlaine. » Mais s’ils n’observent (et n’admirent) pas l’auteur des Fleurs du mal par la même lorgnette, Benjamin et Zweig se rejoignent sur un point : son éclat sombre, sa solitude, sa fatigue d’une époque « sans nerfs, décadente et malade » dont il est, c’est son spleen, le fidèle reflet
■
« On venait de trouver, dans la caserne de gladiateurs, un casque et des jambières, quatre squelettes emprisonnés et un cadavre de femme dont les splendides bijoux dénotaient une riche origine. Cette femme fera, plus tard, fantasmer archéologues et romanciers, riche amante d’un beau gladiateur ou simple fugitive en quête d’un abri ? » Voilà le genre d’anecdotes – précises, stimulantes, charnelles – rapportées par Claude Aziza dans ses Promenades insolites à Pompéi. Neuf, exactement (de la très livresque « Avec Edward-George Bulwer-Lytton », l’auteur des Derniers Jours de Pompéi, à la plus torride « Naples, la belle endormie »), qui raviront ceux qui ont l’impression de tout connaître de la cité antique et ceux qui n’y sont jamais allés. Pourquoi ? Le ton, d’abord, du professeur Aziza, très « à saut et gambades », jamais ennuyeux, et souvent joueur, et la forme du livre, ensuite, pratique et élégant, magnifiquement illustré. Le parfait compagnon de voyage. Surtout quand on ne peut pas voyager
■
Pompéi, promenades insolites (Les Belles Lettres, 280 p., 25 €).