La géo-ingénierie, un jeu dangereux
Les Soviétiques en avaient rêvé sous les yeux médusés du monde occidental. Le défi climatique obligera peut-être la planète à expérimenter la géo-ingénierie, qui consiste à modifier artificiellement des paramètres du climat ou de la météo. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement, l’idée est de limiter l’augmentation des températures. Parmi les idées soutenues par Bill Gates, le projet Scopex, conçu à Harvard, veut répandre dans la stratosphère des particules de craie afin de réfléchir une partie des rayons du soleil et ainsi réduire la température de la Terre. Selon les chercheurs, la craie se dissiperait naturellement au bout de quelques jours et l’opération serait donc sans risque. Mais « toucher à cette mécanique planétaire que l’on connaît mal, c’est très dangereux, probablement autant que ce que l’on fait aujourd’hui en émettant massivement du CO2 et du méthane », prévient François Chartier, de Greenpeace France. Entre 1995 et 2012, des expériences visant à répandre des particules de fer dans l’océan pour stimuler le phytoplancton et ainsi augmenter l’absorption du CO2 accumulé dans l’atmosphère ont eu pour conséquence une acidification inquiétante des eaux traitées. « J’espère que nous n’aurons jamais besoin de la géo-ingénierie », assure la physicienne Jennifer Wilcox, qui, comme Bill Gates, s’inquiète à l’idée que l’on découvre trop tard des conséquences graves à de telles manipulations. Pire : pour être efficace, toute action dans ce domaine doit être globale. Cela promet des discussions animées à l’ONU, car certains pays pourraient décider d’agir seuls sur la planète entière ■