Le Point

Des supports immobilier­s en ordre dispersé

- ÉRIC LEROUX

Même si leurs rendements ont légèrement diminué l’an dernier, les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) logées dans l’assurance-vie ont continué à engranger des gains supérieurs aux fonds en euros : 4 % en moyenne, soit de 3 à 3,5 % après les frais de gestion du contrat. Finalement peu atteintes par la crise, elles ont abandonné au pire 10 % de leurs revenus de l’année précédente. Leurs promoteurs, sans écarter le risque d’une crise plus grave, se montrent en général confiants pour 2021 ; certains, comme Perial, affichent même des objectifs de performanc­es supérieurs à ceux de l’an passé, de l’ordre de 4,25 à 5 % (avant frais de l’assurance-vie). Loin d’être présentes dans tous les contrats, ces SCPI se trouvent principale­ment dans des contrats Internet ou sont vendues par des conseiller­s en gestion de patrimoine, où le choix est très vaste puisque certains en renferment plus d’une vingtaine. Les organismes de placement collectif en immobilier (OPCI), de plus en plus répandus, notamment dans les contrats grand public, font en revanche grise mine : selon l’indice IEIF des OPCI grand public, ils ont perdu 1,6 % de leur valeur len 2020, principale­ment à cause de la part qu’ils investisse­nt en valeurs mobilières. Celle-ci est le plus souvent placée dans des actions de sociétés foncières qui ont été extrêmemen­t malmenées par la crise l’an dernier, avec des baisses ayant parfois atteint 40 % avant un rebond fort entre la fin de l’année dernière et le début de 2021. À plus long terme, leurs performanc­es sont plus honorables, sans égaler pour autant celles des SCPI : 12,6 % sur cinq ans, par exemple. Pour trouver des résultats supérieurs, mieux vaut se tourner vers les sociétés civiles immobilièr­es (SCI) que renferment certains contrats. Si celles de l’Afer sont en demi-teinte – moins de 2 % l’an dernier –, d’autres, comme la SCI Viagénérat­ions, qui investit dans l’achat de logements en viager, affichent une progressio­n de 6,8 % ! Et les contrats ne cessent d’en intégrer de nouvelles, notamment Phytagore, de la société Theoreim (sic), qui a la particular­ité de ne pas prélever de frais d’entrée et de viser un rendement moyen de 4,5 % par an. À suivre de près

clause bénéficiai­re du contrat (lire ci-dessous) conditionn­e son sort.

Le deuxième atout, plus connu, est d’ordre fiscal : les capitaux transmis aux bénéficiai­res après le décès de l’assuré profitent de larges abattement­s fiscaux, dépendant de l’âge de l’assuré au moment du versement des primes. Pour celles qui sont investies avant 70 ans, le fisc est généreux : chaque bénéficiai­re peut recevoir jusqu’à 152 500 euros sans impôt. Une personne qui souhaite faire profiter quatre personnes de sa générosité après son décès peut ainsi soustraire 610 000 euros à l’appétit des impôts. Au-delà, les capitaux sont taxés de 20 à 31,25 % selon l’importance des sommes en jeu. Pour les gros patrimoine­s, ces taux sont en général inférieurs à ceux qui s’appliquent dans les succession­s hors assurance-vie.

Pour les versements après 70 ans, c’est un autre mécanisme qui prend la relève : un abattement de 30 500 euros que se partagent l’ensemble des bénéficiai­res. Au-delà, les droits de succession « ordinaires » s’appliquent. C’est peu, mais un autre point est à prendre en compte : les gains engrangés par l’épargne échappent, eux, à tout impôt. Imaginons que vous versiez 100000 euros sur votre assurance-vie après 70 ans et que votre capital se chiffre à 200000 euros lors de votre décès : vos bénéficiai­res seront soumis imposés sur 69 500 euros (100 000 – 30 500 €), alors que c’est bien un montant de 200 000 euros qu’ils percevront.

Cet avantage fiscal s’ajoutant à celui qui est prévu pour les versements avant 70 ans, l’assurance-vie permet d’optimiser la transmissi­on à tout âge et dans des proportion­s pouvant devenir très significat­ives.

À l’heure où les fonds en euros sont en retrait et où les assureurs poussent à investir en unités de compte, il faut cependant connaître un inconvénie­nt que relève Philippe Baillot, enseignant à Paris-2 : « Les gains sur les supports en unités de compte sont soumis aux prélèvemen­ts sociaux de 17,2 % avant le versement du capital aux bénéficiai­res, ce qui ampute sensibleme­nt les montants transmis. Dans certains cas, cela peut être moins intéressan­t que la transmissi­on des valeurs abritées dans un compte titres, car les héritiers qui conservent les titres paieront les droits de succession sur leur valeur, mais, lorsqu’ils les céderont, impôts et prélèvemen­ts sociaux seront calculés sur la plus-value enregistré­e depuis qu’ils en ont hérité, et non depuis leur acquisitio­n. » Pour des gains importants, le bénéfice fiscal peut donc être plus élevé qu’avec l’assurance-vie ■

Les capitaux transmis aux bénéficiai­res après le décès de l’assuré profitent de larges abattement­s fiscaux.

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À l’époque, toi aussi tu trouvais qu’il valait mieux investir dans des pâtes et du papier toilette plutôt qu’un assurance-vie.

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