Les promesses de l’économie bleue
Les océans deviennent un thème prometteur d’investissement.
Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines, c’est l’un des objectifs de développement durable fixés par les Nations unies. Cela se traduit par des séries de mesures visant à réduire la pollution marine, protéger les écosystèmes marins, encourager la gestion durable des pêches, de l’aquaculture et du tourisme. « Si les océans étaient un pays, leur produit national brut les situerait à la 7e place des nations, à 2 500 milliards de richesses créés chaque année », illustre Aurélie Baudhuin, directrice de la recherche ISR (investissement socialement responsable) chez Meeschaert AM.
Si plusieurs sociétés de gestion se sont emparées depuis plusieurs années du thème de l’eau avec des succès financiers – le fonds BNP Aqua a vu sa valeur progresser de 16,7 % en 2020 et de 9,8 % par an depuis trois ans –, celui de l’océan était peu exploité. Seul un fonds de Credit Suisse, Rockefeller Ocean Engagement Fund, lancé en septembre, représente cette classe d’actifs. « Il existe peu d’entreprises cotées dans ce domaine. Mais le thème de la préservation des océans est présent dans nos portefeuilles », explique Ladislas Smia, responsable de la recherche ISR chez Mirova. On peut ainsi investir dans des entreprises qui participent à la gestion des risques et dans celles qui proposent des solutions au travers de fonds « environnement » ou « climat ». « Nous cherchons à privilégier les solutions qui permettent de limiter les rejets de plastiques ou de produits chimiques dans les océans et, surtout, qui contribuent au développement de pratiques de pêche plus durables, en mettant par exemple au point des filets de pêche réduisant les prises accidentelles », poursuit Ladislas Smia.
Autre exemple d’investissement lié à l’océan : le traitement des eaux de ballast des navires. « Les ballasts des bateaux véhiculent la biodiversité marine locale et entraînent des proliférations d’espèces aliénantes, détaille Aurélie Baudhuin. Depuis 2019, les nouveaux navires doivent s’équiper d’un système de traitement, et nous avons donc investi dans des entreprises qui ont mis au point de tels traitements grâce aux rayons ultraviolets, comme Alfa Laval ou Bio-UV. » Idem pour les déchets pétroliers marins.
Meeschaert, qui consacre jusqu’à 20 % de son fonds Transition durable aux océans, s’engage à mesurer l’impact des investissements, en chiffrant par exemple le nombre de navires équipés pour les eaux de ballast ou les hectares d’étendue d’eau préservés grâce au recyclage des huiles usagées. Chez Indosuez Gestion, 18% du fonds Objectif terre sont investis dans l’économie bleue, principalement dans l’éolien offshore, le recyclage et le traitement de l’eau, ainsi que le tri.
Obligations bleues. À côté de ces fonds, « il existe aussi des “blue bonds”, ou obligations bleues [NDLR : par analogie avec les green bonds – les obligations vertes] permettant de financer des projets marins et océaniques ayant un impact positif sur l’environnement », explique AnneCatherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic.
C’est cependant BNP Paribas AM qui propose la première solution grand public entièrement axée sur le potentiel des océans, avec son ETF (un fonds coté qui réplique les évolutions d’un indice boursier) Easy ECPI Global ESG Blue Economy. Basé sur l’indice éponyme (ECPI Global ESG Blue Economy Equity Index), créé pour l’occasion, il permet d’investir dans 50 grandes entreprises mondiales dont l’activité est liée aux océans. Ses thèmes de prédilection : la vie côtière, les énergies et les ressources maritimes, la pêche et les produits de la mer, la réduction de la pollution et le transport maritime. « L’objectif est de soutenir les entreprises les plus vertueuses et de profiter de leur croissance », détaille Bertrand Alfandari, responsable des ETF chez BNP Paribas AM. Des calculs rétrospectifs montrent que cet indice aurait progressé de 25% en 2020 et de 59 % sur les trois dernières années. De quoi motiver à la protection des océans ! ■
« L’objectif est de soutenir les entreprises les plus vertueuses et de profiter de leur croissance. » Bertrand Alfandari