Le Point

De Godard à Parvulesco

- FRANÇOIS-GUILLAUME LORRAIN

C’est une scène mythique : au beau milieu d’À bout de souffle, de Godard, Jean-Pierre Melville (photo) incarne un romancier inconnu, Jean Parvulesco, assailli par une nuée de journalist­es et Jean Seberg. Mais qui est vraiment Jean Parvulesco? Si quelqu’un pouvait mener l’enquête, c’était bien Christophe Bourseille­r. Cet amateur de trajectoir­es centrifuge­s eut en effet pour « parrain » Godard, qui le fit tourner, enfant, dans trois films. Grand ami de ses parents, le cinéaste passait souvent manger une soupe et observer les turbulence­s du petit « pitre plein de morgue ». « Il était mon plus grand fan. » Mais Godard et ses parents rompent en 1971. Des silhouette­s d’une enfance irréelle exhumées, Bourseille­r bascule vers un autre fantôme, Parvulesco, un Roumain passé par les camps qui avait noué amitié avec la « nouvelle vague » : d’où le pied de nez de Godard et le clin d’oeil à cet écrivain maudit. Mais Parvulesco vire très vite vers l’OAS, l’ésotérisme et une oeuvre pléthoriqu­e, illisible mais culte pour quelques happy few. Bourseille­r la lit avec patience, avant de l’inviter pour une émission de télé, où Parvulesco reste muet. Être Godard ou Parvulesco ? Telle est la question qui taraude Bourseille­r, fasciné par les frontières fragiles entre ombre et lumière et par ces créatures illuminées ■

En cherchant Parvulesco, de Christophe Bourseille­r (La Table ronde, 130 p., 14 €).

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