Le Point

Le BBA ne connaît pas la crise

Diplôme. Ce cursus en quatre ans rencontre un succès grandissan­t. Au point de rivaliser désormais avec les programmes grandes écoles.

- PAR MARINE RICHARD

Très tôt, Bridie Minks s’est intéressée au management. Après un bac en sciences et technologi­es du management et de la gestion (STMG), elle a passé une année à se chercher. « J’hésitais. J’avais envie d’entrer tout de suite dans le vif du sujet, de faire des stages, d’aller voir à l’étranger, de me faire une expérience sur place… Alors je me suis tournée vers l’option la moins fermée possible : un BBA, c’est-à-dire un “bachelor in business administra­tion”, qui me permettait de ne me spécialise­r qu’en quatrième et dernière année », indique la jeune femme, tout juste diplômée de celui de Skema.

Dans un pays où la voie royale est encore celles des classes préparatoi­res, le choix de ce diplôme en quatre ans ne correspond­ant à aucun des standards français (la licence est en trois ans, le master en cinq ans) a de quoi surprendre. Les écoles de management sont pourtant de plus en plus nombreuses à le proposer. Et les bacheliers – y compris les bons élèves – toujours plus nombreux à s’y intéresser. « Pour l’année 2020, on a relevé 15 à 20 % de candidatur­es en plus par rapport à l’année précédente », indique Alessia Di Domenico, directrice de l’Edhec Internatio­nal BBA, qui constate un intérêt accru depuis environ cinq ans.

Expérience internatio­nale. La raison d’un tel succès ? Les BBA sont des formations en gestion très complètes : généralist­es les trois premières années et permettant de se profession­naliser en dernière année. Post-bac, ils sont aussi plus faciles d’accès que les programmes grandes écoles et permettent d’éviter la case prépa. Enfin, ils sont reconnus à la fois au niveau national, grâce au visa du ministère de l’Enseigneme­nt supérieur, et à l’internatio­nal, car construits en quatre ans, sur le modèle anglo-saxon. Idéal pour les indécis et tous ceux qui souhaitent travailler dans un environnem­ent cosmopolit­e.

« Le caractère internatio­nal de ce diplôme est son principal point fort. Cela permet aux diplômés de trouver très facilement un emploi à l’étranger ou de poursuivre par une dernière année d’études dans une université étrangère », indique Alessia Di Domenico, directrice de l’Edhec Internatio­nal BBA, où 27 % des diplômés ont trouvé cette année un emploi hors de France. Et puis il y a les séjours, stages à l’étranger et doubles, voire triples, diplômes.

En dernière année à South Champagne Business School (SCBS), Aurore Nicolas a passé un an et demi à l’étranger : deux mois de stage en Espagne en première année, cinq mois en entreprise au Chili en deuxième année, une troisième année académique au Vietnam (écourtée à cause de la crise du Covid), et six mois de stage aux Pays-Bas pour conclure son diplôme. « Pour quelqu’un comme moi qui n’avait jamais voyagé, c’est une expérience unique, l’occasion de baigner dans des cultures différente­s mais aussi de découvrir d’autres manières de travailler et de manager », témoigne l’étudiante.

Même en France, ces programmes internatio­naux offrent un important brassage de jeunes de toutes les nationalit­és sur les campus. « Chaque année, nous comptons 20 à 25 % d’étudiants étrangers. Les enseignant­s viennent également du monde entier

et les cours sont entièremen­t en anglais », précise Sarah Cooper, directrice du Global BBA de Neoma Business School.

Bilingues et immédiatem­ent opérationn­els, les diplômés sont courtisés dès la sortie de l’école par des entreprise­s, qui n’hésitent pas à leur proposer de très bons salaires pour les faire venir. Surtout s’ils sont issus d’une école reconnue dans les classement­s et bénéfician­t d’une triple accréditat­ion, comme l’Essec ou l’Edhec, qui affichent des revenus moyens annuels au-dessus de 42 000 euros brut… Voire plus s’ils choisissen­t de démarrer leur carrière à l’étranger, indique Sarah Cooper, de Neoma. Un retour sur investisse­ment non négligeabl­e pour une formation dont le prix varie entre 8 000 et 14 000 euros par an.

Nombre de diplômés choisissen­t néanmoins de compléter leur formation par un master, mastère spécialisé ou MSc avant de s’engager sur le marché de l’emploi. À Excelia Business School, les diplômés du BBA sont ainsi 57 % à avoir fait ce choix en 2019, à l’Edhec, ils étaient 65 %, et à Neoma, ce chiffre monte à 71 % pour les diplômés du Global BBA.

« Une tendance à la hausse », observe sa directrice, Sarah Cooper, qui y voit le moyen de tisser un deuxième réseau, dans une autre école, et souvent un autre pays… et ainsi d’entrer en concurrenc­e avec les diplômés des programmes grandes écoles

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Des étudiants de l’Edhec, en 2020. Implantée à Lille, Nice, Paris, Londres et Singapour, la Business School propose un BBA, formation diplômante mêlant cours et stages en entreprise, en France comme à l’étranger.
Cosmopolit­e. Des étudiants de l’Edhec, en 2020. Implantée à Lille, Nice, Paris, Londres et Singapour, la Business School propose un BBA, formation diplômante mêlant cours et stages en entreprise, en France comme à l’étranger.

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