Covid-19 : quand la finance se réinvente
La crise sanitaire a contraint la finance à se réorienter vers de nouveaux horizons, plus verts et plus humains. Une finance responsable qui a le vent en poupe.
Les temps ont changé. Il fut une époque, pas si lointaine, où les mots « finance » et « responsable » ne faisaient pas bon ménage. D’incompatibles et antinomiques, ils sont aujourd’hui devenus en vogue, cohérents et presque inséparables. La finance responsable a fait ses preuves et désormais, elle est sur tous les fronts.
Il faut dire que la crise sanitaire a permis de confirmer l’intérêt pour l’investissement socialement responsable (ISR). Selon Morningstar, les actifs des fonds durables ont atteint, au quatrième trimestre, un niveau record de 1,65 milliard de dollars, en hausse de 29% par rapport au troisième trimestre. Rien qu’en France, le nombre de fonds agréés ISR a presque doublé en 2020 (656 contre 365 fin 2019) et concerne près d’une centaine de sociétés de gestion pour des encours dépassant les 350 milliards d’euros. « Les fonds ISR ont enregistré des flux entrants records depuis le début de l’année. Les préoccupations environnementales et sociales des investisseurs sont accélérées par cette crise qui a jeté un coup de projecteur sur les dysfonctionnements d’une société plus fragile que nous le pensions », confirme David Zylberberg, expert en investissement responsable chez UBS France.
« Reconstruire les économies autrement »
La finance responsable ressort d’autant plus renforcée de la crise que, pour contrecarrer les dommages collatéraux de la situation sanitaire, les gouvernements des principales économies mondiales ont décidé de déployer des plans de relance massifs – près de 600 milliards d’euros – avec une préoccupation centrale : la transition écologique. En France, 30 milliards d’euros seront ainsi octroyés sur deux ans pour, entre autres, moderniser les transports, intensifier la rénovation des bâtiments et favoriser les technologies vertes. Pour David Zylberberg, il s’agit davantage d’un changement de paradigme que d’une mode éphémère : « Avec ces plans de relance, les dirigeants des grands pays témoignent de l’importance de reconstruire les économies autrement. »
Sauf que la question qui se posait jusqu’à présent concernait précisément la rentabilité financière de l’investissement socialement responsable. Et c’est un autre enseignement de la crise sanitaire en faveur de l’ISR : en plus de s’être imposé dans les mentalités, il a démontré sans détour son efficacité. « Les questions environnementales, sociales et de gouvernance sont des thèmes essentiels qui ont de plus en plus d’impact sur les performances financières », tranche Mark Haefele, directeur des investissements pour UBS Global Wealth Management. D’ailleurs, selon Morningstar, 72% des fonds ISR affichent une performance supérieure à leurs indices de référence cette année. La preuve que le mariage entre la finance et les critères environnementaux et sociaux a encore de beaux jours devant lui
« Avec ces plans de relance, les dirigeants des grands pays témoignent de l’importance de reconstruire les économies autrement. » Citation de David Zylberberg