La Chine, Facebook, même combat
L’exemple australien souligne la fragilité de l’indépendance nationale, face à des géants du Web ou à la superpuissance chinoise.
Facebook et la Chine cherchent, chacun de leur côté, à faire plier l’Australie. Ce double chantage contre un État souverain illustre la nouvelle donne géopolitique du XXIe siècle : un monde où le Parti communiste chinois et les mastodontes américains du numérique tentent de récrire à leur profit les règles du jeu international ; un monde où des États démocratiques, qui se croient indépendants, pèsent peu face à ces entités.
Facebook, d’abord. L’entreprise de Mark Zuckerberg a décidé, le 18 février, d’empêcher le partage sur son réseau d’articles de médias australiens. En cause : un texte de loi débattu au Parlement de Canberra. Le projet vise à obliger Google et Facebook à négocier avec les éditeurs de presse pour leur reverser une part des revenus de la publicité en ligne.
Google a cédé, mais Facebook a rejeté la nouvelle loi et censuré sans préavis l’intégralité des contenus informatifs de la presse australienne, forçant le gouvernement à accepter un compromis avant de rétablir son service.
La Chine, ensuite. Longtemps l’Australie a profité de l’essor spectaculaire de l’économie chinoise en y écoulant matières premières et produits agricoles. La classe politique australienne se bernait d’illusions en pensant que le « doux commerce » cher à Montesquieu inciterait la Chine à se libéraliser. Ces dernières années, l’Australie a constaté l’ingérence croissante des autorités chinoises dans ses affaires intérieures ainsi que l’espionnage à grande échelle de Pékin. Comprenant, mais un peu tard, qu’elle avait mis en péril sa liberté d’action, elle a exclu l’électronicien