Introductions en Bourse : une année 2020 record outre-Atlantique
La crise sanitaire n’a pas ralenti et encore moins interrompu la marche des affaires. Du moins pour quelques entreprises! Selon Stockanalysis.com, l’an dernier, 420 entreprises ont été introduites à la Bourse de New York. C’est 88 % de plus qu’en 2019. Ces sociétés ont levé 141 milliards de dollars, un chiffre qui n’avait pas été vu depuis trente ans. La moitié a récolté plus de 1 milliard de dollars.
Un phénomène mondial ! Le nombre total d’IPO a augmenté de 42%. Sur les différents marchés, 1 591 sociétés sont entrées en Bourse et ont levé 331 milliards de dollars. « On n’avait pas vu une telle euphorie sur les marchés boursiers depuis la bulle Internet de la fin des années 1990 », commente John Plassard, de la banque Mirabaud.
Des décisions qui ont plutôt réussi à leurs protagonistes. Leur cotation en Bourse à peine effectuée, la plateforme de réservation de logements Airbnb a vu son action bondir de 115 %, celle du spécialiste de la livraison de repas DoorDash de 86 %, le titre de la société de logiciel Snowflake de 100 %.
Pourquoi un tel engouement ? « Il s’explique en partie par la faiblesse des taux d’intérêt et la forte liquidité consécutive à la politique accommodante des banques centrales », relève John Plassard. Ainsi, 240 « coquilles vides » baptisées « special purpose acquisition companies » (Spac) sont entrées au Nyse ou au Nasdaq en 2020. Des sociétés sans activité opérationnelle, prêtes à saisir des opportunités d’investissement. « Pour l’investisseur, cela revient à faire un chèque en blanc au fondateur de la Spac, avec la conviction qu’il saura identifier des cibles attractives et créer de la valeur », relève l’équipe de Mandarine Gestion. En France, la plus médiatique est celle créée par le trio d’entrepreneurs, Niel-ZouariPigasse, baptisée 2MX Organic, qui a levé 300 millions d’euros en décembre 2020 avec l’objectif de créer un nouvel acteur européen de la consommation durable, alternative et responsable.
Déception en France et en Europe. Cette dernière introduction masque dans l’Hexagone une année morose, avec seulement 21 introductions – dont l’éditeur de jeux BigBen – pour un total de 500 millions d’euros levés,
contre 2,8 milliards en 2019, et surtout 19 retraits (Lafuma, April…). Déception aussi en Europe (16,6 milliards levés, contre 22,5 milliards en 2019, soit le montant le plus faible enregistré depuis 2012), malgré l’introduction spectaculaire d’Allegro à la Bourse de Varsovie. En cause, le retour à la volatilité engendrée par la reprise des mesures sanitaires et une croissance moindre qu’anticipée.
De nouvelles opérations sont attendues: outre-Atlantique, après la fintech Affirm, qui consent des prêts aux acheteurs en ligne, devraient être prochainement cotées l’application de trading sur mobile Robinhood, la plateforme de transactions sur les cryptomonnaies Coinbase ou encore l’épicerie numérique Instacart. Aux Pays-Bas, après Inpost, WeTransfer est entré en lice. En France, Pherecydes Pharma et Medesis Pharma, entreprises qui devraient profiter du plan de relance, ont ouvert le bal en attendant Believe, OVH et HRS, spécialiste de la station de recharge hydrogène.
Les places boursières se livrent dans le même temps une concurrence acharnée pour attirer les nouvelles cotations, n’hésitant pas à demander à leurs autorités un assouplissement des règles de cotation. C’est le cas du Nyse ou du London Stock Exchange
Y a-t-il un risque de bulle ? John Plassard répond pour le moment par la négative
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